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12/04
2018

Un numéro d’appel gratuit pour les infirmiers en souffrance

L’Ordre national des infirmiers, l’Ordre national des Médecins et 7 associations et structures historiques d’aide aux soignants lancent un dispositif national d’aide aux soignants : le centre d’appel du numéro 0800 800 854, disponible 24h/24, 7j/7 pour tous les professionnels de santé en détresse, quels que soient leur spécialité ou leur mode d’exercice, sur tout le territoire. Il sera accompagné et valorisé pour les infirmier(e) par le dispositif « Solidarité Ordinale Infirmière », mis en place par l’Ordre national des infirmiers, qui pointe dans une enquête récente un mal-être inquiétant chez les soignants et un besoin de soutien.

Des psychologues cliniciens formés pourront, en fonction de leur demande :

  • apporter un soutien psychologique (contre l’épuisement professionnel, le burn-out, la détresse psychologique…), ou orienter vers un service hospitalier dédié à la prise en charge des soignants, voire d’une prise en charge d’urgence si la situation l’impose (en cas de risque de suicide notamment)
  • orienter vers le Conseil départemental de l’Ordre des infirmiers : violence, agression, litige avec un confrère, un patient, ou sa hiérarchie, difficultés financières…
  • orienter vers les services de l’Ordre national des infirmiers : questions de déontologie, questions juridiques, administratives, réglementaires…

Ce numéro veut proposer une solidarité et un soutien à des infirmiers en difficultés, comme le montre l’’enquête «  Dépression, épuisement professionnel, mal-être : quelle réalité au sein de notre profession ? », réalisée par l’Ordre national des infirmiers auprès de 18 653 infirmier(e)s (parmi lesquels 85,96% de femmes et 14,04% d’hommes, tous modes d’exercice confondus) du 30 mars au 7 avril 2018. 32% des répondants se disaient prêts à utiliser le service d’une plateforme téléphonique d’écoute. Près de 25% des répondants déclarent, en outre, avoir déjà consulté un psychiatre ou un psychologue en lien avec le travail et  65,13% des infirmiers ont renoncé dans les deux dernières années à s’absenter pour maladie alors même que leur état de santé le justifiait.

Autres résultats de l’enquète :
– La contrainte du temps de travail, son amplitude, son rythme irrégulier :

14% des répondants déclarent travailler 6 voire 7 jours par semaine (26% chez les libéraux et exercice mixte) et 25,12% déclarent travailler régulièrement ou fréquemment 7 jours ou plus consécutifs. Près de 60% (58, 08%)déclarent régulièrement ou fréquemment travailler 12 heures ou plus par jour, cela tous modes d’exercice confondus. Chez les libéraux et en exercice mixte ce n’est plus que 0,56% qui déclarent ne jamais travailler le week-end.

– La charge de travail au cœur du problème

Pour 79,4% des répondants la charge de travail est un facteur important ou très important. Les violences et l’agressivité sont des facteurs qui affectent le plus les infirmiers (57,46% jugeant important voire très important ce facteur), avec les aspects financiers mais suivis de près par les choix éthiques et déontologiques (48,81% jugeant ce facteur important voir très important dans la raison du mal-être ressenti).

– Les symptômes de l’épuisement professionnel très visibles

43,23% des répondants déclarent très souvent se sentir à bout au terme de la journée de travail et une quasiment identique proportion (42,44%) déclarent se sentir fatiguée le matin avant d’avoir à affronter une autre journée de travail. 37,01% déclarent se sentir très souvent émotionnellement vidés par leur travail et 45,83% quelques fois ce qui signifie que 82,84% ressentent parfois voir souvent ce vide.

Donnée inquiétante par ailleurs, 21,64% des répondants envisagent très souvent de cesser leur activité d’infirmière. La survenue de l’idée suicidaire parfois a recueilli 7,20%. 63% des infirmiers ressentent «très souvent» au moins un des symptômes d’épuisement professionnel cités dans cette question.