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5/07
2022

L’IPA, coordonnateur de parcours dans la prise en charge de l’obésité du patient schizophrène

Dans son mémoire pour l’obtention du diplôme d’Etat infirmier de pratiques avancées (DEIPA) (en téléchargement ci-dessous), David Renzi met en évidence la plus-value que peut apporter ce nouveau professionnel dans la prise en charge de l’obésité chez les patients souffrant de schizophrénie, notamment en termes de coordination des parcours. Plus globalement, il s’intéresse à l’identité de cette profession émergente en psychiatrie. Résumé de l’auteur.

L’obésité est à ce jour un problème majeur de santé publique. Elle est à l’origine de nombreuses maladies chroniques parmi lesquelles on retrouve les maladies cardio-vasculaires, première cause de décès dans le monde (OMS, 2015). Selon un rapport de 2019 établit par l’Organisation de Coopération et du Développement Économique (OCDE), la prévalence du surpoids et de l’obésité évolue. En France, elle était en 2016 (pour une population totale de 67 millions d’habitants) respectivement de 67% et 22% chez les hommes, de 52% et 21% chez les femmes.

Les patients schizophrènes sont particulièrement touchés par l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et métaboliques (ANSM, 2018). En effet, le risque d’obésité chez ces patients serait multiplié par 2,8 à 3,5 (De Hert et al., 2011) avec une prévalence de 42% à 60% (Coodin, 2001). Les personnes souffrant de schizophrénie présentent donc un risque plus élevé d’obésité bien que les facteurs comportementaux contribuant à la surcharge pondérale ne soient pas encore bien compris. Outre les phénomènes de sédentarité accrue et/ou de prise de poids pharmaco-induite, différentes études ont pu déterminer la prévalence de la dépendance alimentaire chez les patients schizophrènes. Ainsi, deux types de troubles du comportement alimentaire ont pu être identifiés : il s’agit de l’hyperphagie boulimique et de l’hyperphagie nocturne.

– L’hyperphagie boulimique, autrement appelée le Binge Eating Disorder au niveau international, se caractérise par la « consommation inhabituelle d’aliments qui s’effectue tout au long de la journée» (American Psychiatric Association, 2015).

– L’hyperphagie nocturne, ou Night Eating Disorder, se caractérise quant à elle par « une prise alimentaire retardée dans la journée et dont les principales calories sont ingérées au cours de la soirée et/ou lors de réveils nocturnes » (American Psychiatric Association, 2015).

La prise en compte de ces troubles, souvent sous-considérés, pourrait offrir de nouvelles perspectives dans la « lutte » contre le surpoids et/ou l’obésité et apparait donc essentielle pour promouvoir la prévention de l’obésité.

L’IPA, une vision globale du parcours

De par ses compétences élargies, l’infirmier en pratiques avancées (IPA) peut agir sur l’orientation, l’éducation, la prévention. Il évalue l’état de santé des patients en relais des consultations médicales. Au-delà du trouble schizophrénique qui aura été préalablement identifié et diagnostiqué par le corps médical, l’IPA pourra le cas échéant être en capacité d’apporter une expertise complémentaire avec le repérage de certains troubles du comportement alimentaire.

Cette contribution de la pratique avancée à la prise en charge de la personne soignée se traduit par la construction d’un projet de soins. De fait, l’IPA, acteur du soin à l’interface du sanitaire et du social, dispose d’une implication plus importante auprès des professionnels libéraux ainsi qu’au sein du tissu associatif.

Le plan de soins individualisé établi en regard de cette problématique, l’IPA pourra alors être le garant de l’organisation du parcours de soins et interviendra auprès de trois principaux acteurs que sont :
– Les patients et leur entourage ;
– L’équipe pluridisciplinaire ;
– Les professionnels libéraux, les différentes structures de soins et organismes.

Il est alors pleinement dans une logique d’accompagnement du parcours, favorisant ainsi un maintien en santé, dans une activité dérogatoire et collaborative. Il pourra dès lors être en capacité d’adapter le projet de soins si nécessaire, de suivi et d’accompagnement en fonction de la situation clinique psychique, somatique et sociale du patient.

Cette approche doit ainsi permettre « d‘accompagner le patient dans des changements de comportements et d’habitudes de vie à long terme tout en tenant compte, notamment, des caractéristiques sociales, culturelles et environnementales » de ces derniers (HAS, 2015).

En s’attachant à dépister et à prévenir les risques de décompensation et les comorbidités, l’IPA participe ainsi à la limitation des consultations programmées, des (ré)hospitalisations. Grâce à sa vision globale du parcours, il favorise une prise en charge conjointe avec les différents acteurs du soin, permettant ainsi de mieux répondre aux attentes des patients en difficultés sur des parcours complexes.

Prise en charge de l’obésité chez des patients souffrant de schizophrénie. Rôle de l’infirmier de pratique avancée dans la lutte et la prévention, David Renzi, Mémoire pour le DEIPA, juin 2021, en pdf.