Autisme : les préconisations de l’Académie de médecine
La commission psychiatrie de l’Académie nationale de médecine a étudié les problématiques d’une démarche clinique dans la prise en charge par les médecins de patients autistes. Il en ressort quatre recommandations évoquant le repérage précoce, trois niveaux d’intervention, un rôle accru des ARS et des médecins référents.
Si des progrès ont été accomplis dans la compréhension de l’autisme, les Prs Catherine Barthélémy et Marie-Christine Mouren, membres correspondantes de l’Académie nationale de médecine (ANM) relèvent toutefois dans leur rapport présenté le 8 mars certaines lacunes. « La formation à la clinique et au traitement des troubles du spectre autistique et, plus globalement, aux troubles du développement, est insuffisant cliniquement parlant aujourd’hui. » Elles suggèrent qu’un enseignement d’une dizaine d’heures environ soit destiné à l’acquisition de connaissances de base pour une pratique médicale éclairée. Tout médecin doit « connaître les préconisations diagnostiques et thérapeutiques dans l’autisme et être en mesure d’orienter les familles vers les services médicaux et sociaux compétents« .
L’importance d’un médecin référent
Ce rapport et ses quatre recommandations (lire ci-dessous) sont issus des travaux de la commission psychiatrie de l’ANM. Cette dernière insiste tout particulièrement sur les pratiques médicales et sur l’importance du médecin référent de l’enfant. Son rôle ne se limite pas pour l’académie à une simple orientation de la personne autiste vers ses confrères spécialistes. C’est d’abord « sur la base de son examen clinique, psychiatrique et somatique éclairé et des examens complémentaires qu’il aura lui-même programmé que s’appuieront le diagnostic et la mise en place des soins spécialisés« . Elle insiste aussi sur l’importance des ARS et suggère qu’elles aient un rôle de coordination notamment entre les familles et les professionnels. Pour cela, l’ANM propose que les ARS structurent officiellement les différents niveaux d’intervention. Le niveau 1 pourrait être celui du repérage et de la prévention où interviennent des médecins de première ligne. Sont par exemple concernés les médecins généralistes, les pédiatres ou encore les médecins des services de la protection maternelle et infantile (PMI). Le niveau 2 regrouperait les pédopsychiatres, les psychiatres et les pédiatres. Et le niveau 3 correspondrait aux situations particulières et aux missions de recherche.
Pas de thérapeutiques curatives
Par ailleurs, l’ANM rappelle qu’il n’existe pas de thérapeutiques curatives de l’autisme. Concernant les programmes psychocomportementaux (ABA pour applied behavior analysis et Teacch pour treatment and education of autistic and communication children handicap), « aucune étude n’a apporté la preuve de l’efficacité majeure d’un type de programme ou d’intervention par rapport à l’autre« . Ils ont néanmoins l’intérêt de « mobiliser et d’associer les soignants, les éducateurs et les familles autour d’objectifs précis, adaptés à l’enfant« . À cela s’ajoute le fait qu' »aucun traitement médicamenteux n’agit spécifiquement sur le syndrome autistique dans sa dimension d’altération de la communication et des interactions. Les indications restent surtout focalisées sur les troubles du comportement, compromettant l’insertion sociale« .
Les quatre recommandations de l’ANM
En réponse aux interrogations des médecins sur l’autisme sous l’angle clinique (démarche et outils de diagnostic, recherche, relations des médecins avec les familles), l’Académie nationale de médecine (ANM) a retenu quatre recommandations. Elle reconnaît ainsi que :
– la précocité du repérage des troubles de l’autisme et la mise en œuvre d’un parcours thérapeutique adapté conditionnent le pronostic du trouble ; elle recommande donc l’utilisation des outils de dépistage et des critères de diagnostic avec éventuellement la mention des résultats sur le carnet de santé et une orientation vers une consultation spécialisée ;
– le ministère de la Santé et les ARS doivent élaborer une structuration lisible des différents niveaux d’intervention ;
– outre la recherche préclinique visant une compréhension des anomalies neurodéveloppementales, il faut soutenir d’autres aspects de la recherche (cohortes, évaluation des stratégies de soins, développement de nouvelles thérapeutiques y compris médicamenteuses et aussi mise en réseau des services hospitalo-universitaires spécialisés) ;
– le partenariat entre les familles et les professionnels, garant du choix optimal des stratégies mises en œuvre pour chaque enfant et adulte et de la continuité des soins, doit être développé sous l’égide des ARS.
Source : Dépêche Hospimédia du 9 mars 2016, Lydie Watremetz