Accueil infirmier des patients psy aux urgences
Dans quelle mesure les infirmiers des urgences polyvalentes s’engagent-ils dans la relation de soin lorsqu’ils accueillent des patients souffrant de troubles mentaux ? Une recherche qualitative prospective de type «case study» (étude de cas) utilisant la méthodologie de l’ethnographie a étudié cette question aux urgences du CH de Sarlat (Dordogne).
Cette observation montre chez ces infirmiers un engagement et une empathie, marquée par la congruence entre attitude non verbale, écoute active et reconnaissance de la souffrance psychique. Ils adaptent de fait leurs soins à l’environnement, de manière notamment à garantir la confidentialité et à limiter les sources d’anxiété pour ces patients. Pourtant, leur discours illustre une non-reconnaissance de la relation établie comme relation de soin, de leurs compétences et de leur savoir infirmier dans le soin relationnel. Selon ces infirmiers, leur action se limiterait à l’accueil et l’orientation vers la psychiatrie. Leur savoir est donc incorporé, utilisé mais non conscientisé.
Ces résultats diffèrent de précédents travaux, qui montraient plus d’attitudes négatives des infirmiers en soins généraux que de ceux exerçant en psychiatrie envers ces patients psy (1). Cela est probablement lié au fait que cette étude a été menée en zone rurale où ce phénomène de stigmatisation est moins marqué (2). La deuxième hypothèse peut être attribuable à la méthodologie retenue, en effet c’est l’observation du chercheur qui a permis de retrouver l’attitude d’engagement des infirmiers alors même que ceux-ci évoquaient le retrait. Pour le chercheur, la poursuite de ce travail suppose de réaliser une étude comparative entre services d’urgences en zones rurale et urbaine. S’ils restent bien sûr à consolider, ces résultats encouragent aussi à valoriser ces savoir-faire et à améliorer les échanges avec la psychiatrie de liaison.
1– Broadbent, Marc, Moxham, L., & Dwyer, T. (2014). Implications of the emergency department triage environment on triage practice for clients with a mental illness at triage in an Australian context. Australasian Emergency Nursing Journal, 17(1). 2– Breton N., Aubreton C., Dalmay F., et al. (2010). Stigmatisation de la schizophrénie?: enquête auprès de quarante patients schizophrènes stabilisés. L’Information psychiatrique, 86(9), 785-793.
- Étude réalisée par A. Tocaven dans le cadre du DU «Infirmier de pratiques avancées en psychiatrie et santé mentale», Université Paris-Diderot, 2017-2018. Poster: Freins et leviers à l’engagement des infirmiers des urgences polyvalentes dans la prise en charge des urgences psychiatriques. Contact: aurelie.tocaven@hotmail.fr.