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15/06
2021

Référentiel métier et formation des aides-soignants : du nouveau pour la rentrée 2021

Il était attendu avec impatience en vue de l’organisation à venir de la rentrée en IFAS des élèves aides-soignants en septembre 2021. L’arrêté qui présente le nouveau cadre du référentiel métier et formation des aides-soignants conduisant au DEAS1 est paru au Journal officiel le 12 juin dernier. « L’aide-soignant n’est plus un simple exécutant mais participe aux soins apportés aux patients » .

Le Haut Conseil des Professions Paramédicales (HCPP) a validé le mardi 20 avril l’arrêté introduisant le nouveau référentiel dans le parcours de formation et l’exercice des aides-soignants (un arrêté présente également le nouveau cadre du référentiel métier et formation des auxiliaires de puériculture)2. L’objectif de cette réingénierie est de répondre aux besoins de la population vieillissante en assurant une meilleure prise en charge des personnes âgées et de leurs pathologies mais également de valoriser la profession d’aide-soignant .

« L’aide-soignant n’est plus un simple exécutant mais participe aux soins apportés aux patients ». L’obtention d’un rôle propre sur des actes courants de la vie quotidienne est peut-être à venir…

Dispensation de soins, domaines d’activités, actes de soins supplémentaires…

L’aide-soignant est habilité à dispenser des soins de la vie quotidienne ou des soins aigus pour préserver et restaurer la continuité de la vie, le bien-être et l’autonomie de la personne dans le cadre du rôle propre de l’infirmier, en collaboration avec lui et dans le cadre d’une responsabilité partagée. Ainsi, trois missions reflétant la spécificité du métier sont ainsi définies :
– Accompagner la personne dans les activités de sa vie quotidienne et sociale dans le respect de son projet de vie ;
– Collaborer au projet de soins personnalisé dans son champ de compétences ;
– Contribuer à la prévention des risques et au raisonnement clinique interprofessionnel (cf. raisonnement clinique partagé).

Pour ce faire, cinq domaines d’activités sont précisés :
•  Accompagnement et soins de la personne dans les activités de sa vie quotidienne (il est fait mention des aidants) et de sa vie sociale en repérant les fragilités (notamment, l’identification des situations à risques et des risques de maltraitance) ;
•  Appréciation de l’état clinique de la personne et mise en œuvre de soins adaptés en collaboration avec l’infirmier en intégrant la qualité et la prévention des risques.
• Information et accompagnement des personnes et de leur entourage, des professionnels et des apprenants (focus sur la fonction de « conseil »).
• Entretien de l’environnement immédiat de la personne et des matériels liés aux activités de soins, au lieu et aux situations d’intervention.
• Transmission, quels que soient l’outil et les modalités de communication, des observations.

Cette réingénierie introduit un certain nombre d’actes de soins supplémentaires, jusque-là absents des référentiels et parmi eux :
• Pose de suppositoire (d’aide à l’élimination).
• Application de crème et de pommade.
• Recueil de glycémie par captation capillaire ou par lecture instantanée transdermique.
• Pose et changement de masque pour l’aide à la respiration en situation stable chronique.
• Réalisation d’aspiration endotrachéale sur orifice trachéal cicatrisé et non inflammatoire…
• Changement de lunette à oxygène courbe avec tubulure sans intervention sur le débitmètre.
• Recueil aseptique d’urines hors sonde urinaire

« La durée de formation est dorénavant fixée à 12 mois. Le diplôme d’Etat d’aide-soignant atteste de l’obtention et de la validation des cinq blocs de compétences. La formation théorique et pratique est d’une durée totale de 770 heures ou 22 semaines. La formation en milieu professionnel comprend 770 heures correspondant à un total de 22 semaines de 35 heures ».

Les modalités d’évaluation des compétences durant la formation des AS seront davantage basées sur des études de situation réalisées soit en pratique, soit en stage. De plus, compte-tenu de la diversité des profils et des nouvelles modalités d’accès à la formation, un dispositif d’accompagnement pédagogique individualisé est introduit ainsi que la mise en place de travaux personnels guidés pour assurer la réussite des élèves.

Satisfaction pour les uns, mécontentement chez les autres…

Pour AlexisBataille, aide-soignant, actuellement en formation IDE, « le récent texte entérine toutefois la volonté de compromis de l’ensemble des parties prenantes qui est à saluer. Celle d’une prise de conscience générale des professionnels de santé de contribuer à l’évolution d’une fonction dont la légitimité soignante est incontestable. Aussi, tant sur le plan fonctionnel que dans sa dimension humaniste, la nouvelle réingénierie du DEAS augure d’être un levier d’attractivité et fait entrer par la petite porte un débat latent qui devrait poindre le bout de son nez : l’émancipation« .

L’appréciation n’est pas la même sur l’idée de l’émancipation des AS du côté des infirmiers libéraux et particulièrement du syndicat Convergence infirmière. « Notre profession est menacée à court terme. Celles et ceux qui assurent le maintien à domicile des personnes âgées vont être dépossédés d’une partie de leur travail. Devant la marche vers le statut d’aide-soignant libéral [un projet de décret en Conseil d’Etat stipulant que « l’aide-soignant peut réaliser, de sa propre initiative, les soins courants de la vie quotidienne » sera étudié par le HCPP le 17 juin] et le transfert de nombreux actes infirmiers : une réaction puissante des IDEL est indispensable pour l’avenir de notre profession ». Même analyse du côté du SNIIL selon les propos de Catherine Kirnidis, présidente du syndicat, rapportés par nos confères d’Infirmiers.com : « Nous ne sommes pas forcément contre l’évolution du métier d’aide-soignant. Ce qui nous préoccupe, ce sont les vannes que cette réforme pourrait ouvrir, à savoir un exercice libéral des aides-soignants qui ne serait pas encadré« .

1- Arrêté du 10 juin 2021 relatif à la formation conduisant au diplôme d’Etat d’aide-soignant et portant diverses dispositions relatives aux modalités de fonctionnement des instituts de formation paramédicaux. JORF n°0135 du 12 juin 2021.

2- Arrêté du 10 juin 2021 relatif à la formation conduisant au diplôme d’Etat d’auxiliaire de puériculture. JORF n°0135 du 12 juin 2021