Quid des agissements sexistes sur les managers hospitaliers
Engagé depuis plusieurs années sur le sujet de l’égalité professionnelle, le Syndicat des Managers Publics de Santé (SMPS) a été contacté par une jeune collègue élève directrice d’hôpital qui souhaitait mener les travaux de son mémoire de fin d’année sur les agissements sexistes, le harcèlement sexuel et les violences sexistes et sexuelles chez les manageurs de santé. Le SMPS a donc initié une enquête* sur le sujet avec un chiffre qui en découle : un tiers des managers hospitaliers avouent avoir subi « des gestes non désirés ».
Voici quelques témoignages anonymes issus de la consultation par le SMPS :
• « J’ai travaillé en CH où le chef d’établissement manageait dans les hurlements pour prendre le pouvoir sur « son équipe de femelles », tenait des propos sexistes régulièrement, nous humiliait moi et mes collègues en faisant référence au fait que nous soyons des femmes alors que nous étions en réunion ou en présence d’élus« .
• « Très régulièrement, le Président de CME faisait des remarques sur la façon dont j’étais habillée, me massait les épaules ou me serrait dans ses bras. Il le faisait en privé mais le plus souvent en public. C’était mon premier poste« .
• « Un collègue homme continuait à me toucher les épaules et le dos chaque matin pour me dire bonjour alors que je lui avais signifié (à 2 reprises) que cela me gênait énormément et que je souhaitais que ça ne se reproduise pas«
• « Lors d’une instance, je suis sortie pour aller dans les toilettes et un élu est venu dans les toilettes, m’a coincé contre le lavabo et m’a demandé de l’embrasser. Même personne qui m’avait invitée à diner ».
• « Un collègue a sonné chez moi tard, est rentré boire un verre. Il a tenté de m’embrasser puis s’est masturbé sur mon canapé tandis que je préparais les verres. »
Le SMPS qui a présenté les résultats de cette enquête le 27 septembre dernier lors de son Congrès annuel, souligne que « les victimes déclarées sont toujours à 80% ou plus des femmes (elles sont 76% à avoir répondu à l’enquête). Le lien de subordination hiérarchique entre la victime et l’auteur est majoritaire et que seuls 33,8% des répondants indiquent avoir signalé les agissements vécus« .
Alors qu’une majorité des témoins s’adresseraient à leur supérieur hiérarchique pour signaler des agissements sexistes ou des violences sexuelles, les victimes s’adressent quant à elles majoritairement à des recours autres que la DRH, la médecine du travail, le supérieur, un collègue, les syndicats, l’entourage ou encore les forces de l’ordre…
Cette enquête ayant permis de mieux appréhender la situation du sexisme et des violences sexuelles chez les manageurs de santé, le SMPS s’engage à proposer avant la fin de l’année 2021 un plan d’actions permettant aux victimes d’être accompagnées dans leur parcours professionnel en étant défendues par le SMPS. D’ores et déjà les actions suivantes ont été identifiées :
• Lutter contre le harcèlement sexuel
1) Demander l’organisation dans chaque établissement une campagne de sensibilisation au harcèlement sexuel au travail
2) Demander la mise en place dans chaque établissement et au niveau du CNG un dispositif de signalement du harcèlement sexuel
3) Mettre à disposition au niveau du SMPS d’un conseil juridique auprès des manageurs/manageuses victimes
• Combattre le sexisme au quotidien en le rendant visible
4) Mettre en place des formations dans les établissements et à l’EHESP sur le sexisme au quotidien. Le SMPS pourra y contribuer
5) Utiliser les réseaux du SMPS pour sensibiliser l’opinion à une communication respectueuse de l’égalité F-H
6) Créer des espaces de lutte contre le sexisme dans chaque région sous la responsabilité des secrétaires régionaux du SMPS.
*La collecte des réponses s’est organisée sur les mois de juin et de juillet 2021, près des 300 manageurs de santé ont répondu. Parmi eux, 76 % sont des femmes et 22 % des hommes, 2% n’ont pas souhaité le préciser. Plus de la moitié des répondants sont des directeurs d’hôpital, près d’un quart sont des cadres de santé.