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12/10
2021

Un sentiment d’absurdité très largement répandu chez les agents du service public

Les résultats de cette enquête* menée par le collectif « Nos services publics » auprès des agents des services publics sur le sens et la perte de sens dans leur travail le révèle sans détours : 80% des répondants sont touchés au quotidien par un sentiment d’absurdité. Le secteur de la santé est, sans surprise, particulièrement démotivé.

« Si une proportion substantielle des répondants connaît une crise de sens, les agents restent malgré tout au sein du service public principalement pour servir l’intérêt général »

Alors que la grande majorité des répondants déclare en effet avoir rejoint le service public pour servir l’intérêt général (68 % des sondés), la quasi-totalité (97 %) d’entre eux s’est déjà dit au moins une fois dans un cadre professionnel : “c’est absurde… ou si cela a un sens ce n’est pas celui pour lequel je me suis engagé”. 80 % des répondants déclarent même être confrontés “régulièrement” ou “très fréquemment” à ce sentiment d’absurdité dans l’exercice de leur travail. La fréquence de ce sentiment croît légèrement avec l’âge des enquêtés.

« Déplacer des infirmières d’un service à l’autre sans se préoccuper de leurs compétences »
Fabienne, cadre de santé

« Traiter les patients à la chaîne, sans pouvoir prendre le temps de parler aux familles. »
Une pédiatre en réanimation néonatale

« Rééduquer à la marche un patient qui va ensuite être contentionné le reste de la journée (…). » masseur kinésithérapeute PACA

Quid du secteur de la santé…

Au vu des témoignages disponibles, le secteur de la santé regroupe très majoritairement des professionnels soignants : le personnel administratif apparaît minoritaire dans l’échantillon des répondants. Les raisons pour rester au sein du service public sont systématiquement moins choisies au sein du secteur de la santé que dans les autres secteurs. La seule exception à cette moindre occurrence de raisons de rester est « les collègues » (31 % versus 22 % pour les répondants hors secteur de la santé). Le manque de moyens et les mauvaises conditions de travail sont des problèmes cités nettement plus fréquemment que dans les autres secteurs, avec respectivement 74 % et 52 % de répondants qui déplorent ces problèmes dans le secteur de la santé contre 62 % et 40 % hors santé.

Loin des idées reçues sur les motivations des fonctionnaires et de l’isolement parfois ressenti au quotidien, les réponses recueillies mettent en évidence un sentiment de perte de sens largement partagé, lié avant tout à l’incapacité des agents à mener à bien les missions de service public pour lesquelles ils se sont engagés.

*Du 30 avril au 31 août 2021, le collectif Nos services publics a mené une grande enquête sur internet auprès des agents des services publics sur le sens et la perte de sens dans leur travail. Plus de 4 500 réponses ont été recueillies, provenant de personnes de tous âges, tous statuts et tous secteurs d’activité. Les secteurs représentés sont très divers :
• 1190 répondants exercent dans le secteur de l’éducation nationale (27% des répondants),
• 622 répondants travaillent dans l’enseignement supérieur et la recherche (14 % des répondants),
• 496 exercent dans le secteur de la santé (11 % des répondants),
• 251 exercent dans le domaine de l’économie et des finances (5,7 % des répondants)
et 209 dans le secteur de la culture (4,8 % des répondants).
• La défense (36 répondants) et l’intérieur (80 répondants) sont sous-représentés parmi les répondants, au vu de leur poids parmi le total des agents publics.