La HAS prépare un guide sur l’annonce d’un diagnostic psychiatrique à un patient
Dans le cadre de son programme de travail psychiatrie et santé mentale 2018-2023, la Haute Autorité de Santé (HAS) va engager des travaux relatifs à l’annonce d’un diagnostic psychiatrique au patient : enjeux, principes, place de la famille. Ce guide de bonnes pratiques devrait être publié au second trimestre 2022
Objectifs
L’objectif de ce travail est d’améliorer les conditions d’annonce diagnostique et de mettre à disposition des médecins et des équipes des repères sous la forme d’un guide de bonnes pratiques. Il décrira les particularités à prendre en compte en psychiatrie. Il permettra d’aider les professionnels à accompagner le patient et son entourage dans la connaissance et dans la gestion de la maladie à la suite de l’annonce.
Professionnels et acteurs concernés
La cible visée est prioritairement les médecins psychiatres. Cette recommandation concerne également les médecins généralistes ainsi que l’équipe pluri professionnelle impliquée dans l’annonce diagnostique en psychiatrie (infirmière, psychologue).
Délimitation du thème / questions à traiter
Ce guide traitera de l’annonce diagnostique de troubles psychiatriques sévères et/ou persistants chez l’adulte. Les pathologies concernées feront l’objet d’une discussion en groupe de travail. Dans un second temps ce travail pourra faire l’objet d’une démarche complémentaire, compte tenu du fait que beaucoup de pathologies peuvent débuter à l’adolescence voire pendant l’enfance, et que la place des parents ou responsables légaux vis-à-vis d’un patient mineur est différente.
Le guide s’efforcera de répondre aux questions suivantes :
1/ Quel est le contexte/l’état des lieux/ quelles sont les expériences existantes ? définitions, problématiques soulevées/complexité d’une démarche diagnostique/ la notion de processus d’annonce ? quelle est la plus value et l’utilité de l’annonce diagnostique ?
2/ Comment s’assurer du diagnostic avant de l’annoncer ?
Des premiers troubles parfois non spécifiques à la confirmation du diagnostic (avis d’équipe si difficultés, échanges entre le médecin traitant, le psychiatre et les services des urgences, réflexion collective pluriprofessionnelle ? instauration de temps d’échanges entre pairs ? et sous quelles formes ? téléexpertises ? messageries sécurisées ? réunion de concertation pluridisciplinaire ?, nécessité de bilan somatique préalable ? quelle prise en charge est proposée en attendant la confirmation du diagnostic ? la prise en compte du genre/sexe dans le diagnostic ?, qui doit l’annoncer ? le psychiatre référent ? quel soutien est prévu au sein de l’équipe ? autres questions) ?
3/ Quelles sont les différentes étapes et modalités du processus d’annonce diagnostique ? Quels sont les droits du patient en termes d’information à recevoir ? quelles sont les obligations médicolégales et celles relatives au respect du secret médical ?
Quel est le bon moment pour réaliser cette annonce ? (état clinique du patient, évaluation de la perception du patient, est-il prêt à entendre ?, prévoir le temps nécessaire). L’accès au diagnostic doit-il faire l’objet d’une attention particulière ? Comment éviter que la personne ou la famille l’apprenne par déduction à travers une ordonnance de prescription médicamenteuse (ex : à travers le résumé caractéristique des produits de médicaments antipsychotiques), ou un compte-rendu d’hospitalisation, un certificat médical. Prendre en compte les éléments sociaux et médico- sociaux ?
Comment respecter les règles légales en matière de confidentialité et de partage d’informations avec les professionnels concernés par la prise en charge et avec l’entourage ? Faut-il différencier l’approche de l’annonce en fonction de la sévérité de la maladie ou de l’évolution des pathologies ou du niveau de conscience du patient de sa pathologie ?
Quels sont les différents temps de l’annonce ? (préparation avant l’annonce/annonce progressive / suivi post annonce), faut il une approche pluriprofessionnelle ? y a-t- il un temps médical, un temps soignant , un temps avec le psychologue, et un temps social ?
Quelles sont les différentes étapes nécessaires d’acceptation de la maladie par le patient ? faut il établir une progressivité de l’annonce diagnostique pour une meilleure appropriation ? comment mieux associer la personne et proposer une démarche centrée patient ?
La manière de réaliser l’annonce/l’attitude : importance de l’alliance thérapeutique préexistante médecin/patient/équipe et implication de l’entourage, importance du choix des mots utilisés, échanges/dialogue, approche personnalisée, reprise des termes du patient, écoute et reformulation par le patient, et ce qu’il faut éviter (infantilisation….), quel est le bon endroit ? quelles conditions ? quelle durée prévoir ?
Quel est le contenu/la nature des informations à donner (informations sur la maladie, conséquences dans la vie quotidienne, échéances à venir, les évolutions possibles de la pathologie, acteurs impliqués dans l’information à transmettre, ne pas laisser entendre que tout est définitif, perspectives d’améliorations, planification des soins, intérêt de la place de l’entouragesauf conflit antérieur….) ?
Comment personnaliser le processus d’annonce ? Comment impliquer le patient et le rendre acteur ? comment co-construire avec lui les étapes à venir ? quelles informations sont utiles à recueillir de sa part ? le questionner sur les troubles qu’il a lui même repérés et sur ses compétences conservées, quelle représentation et acceptation il a de la pathologie ?
Quelle est la place de l’alliance thérapeutique et comment la renforcer ?
Quelle est la place de l’entourage ? discussion préalable avec le patient, accord, quelle forme peut prendre cet accord ? quelle place donner à l’entourage ? y a-t-il actuellement des conflits majeurs entre le patient et son entourage ?
4/ Quel accompagnement et quel suivi de cette annonce ?
Faut il considérer l’annonce comme une étape indispensable du parcours du patient ? quel accompagnement immédiat est prévu à la suite de cette annonce ? quels sont les aspects médicolégaux à la suite de l’annonce ? puis quel accompagnement à moyen et long terme ?
Doit-on toujours, déjà à ce stade, aborder le projet personnalisé de soins et de vie ?, quelle planification des soins, quelles sont les aides possibles sur le territoire, quelles sont les perspectives évolutives de la pathologie et quel espoir peut être donné au patient ? quelle orientation vers les associations ?