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19/05
2022

Harcèlement, épuisement, dépression, précarité financière… les étudiants infirmiers dans le rouge !

Ils vont mal et ils le font savoir… A l’occasion d’une conférence tenue au Salon infirmier 2022, Porte de Versailles, à Paris, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi), alerte une fois encore sur l’état de santé des futurs infirmiers… Harcèlement, épuisement, dépression, précarité financière… la future génération est au-delà du désenchantement et a besoin d’aide…

#NousSoigneronsDemain : le bien-être des ESI, parlons-en!”, les enquêtes faites par la Fnesi sur l’état des troupes, étudiants en sciences infirmières, se suivent et se ressemblent et, pour la dernière* dont les résultats viennent d’être dévoilés, s’aggravent…  “C’est en effet avec gravité que nous vous présentons cette enquête édifiante. Nous avons toujours défendu avec ferveur les intérêts moraux et matériels des étudiants en soins infirmiers (ESI), le bien-être étudiant étant le nerf de la guerre de notre fédération depuis sa création. Cette alerte, doit servir à une réelle prise de conscience des institutions encadrantes. Cela fait déjà trop longtemps que les étudiants souffrent d’un système de santé dégradé et que des jeunes abandonnent la formation à cause de comportements violents tolérés, voire encouragés, et de l’inaction collective », a souligné la présidente de la Fédération, Mathilde Padilla.

« Nous, ESI, devons faire entendre notre voix pour que jamais plus, nous ne vivions ce que nous vivons actuellement. »

Le constat est sans appel, les étudiants en sciences infirmières vont mal et ces quelques chiffres, édifiants, en attestent :
– une santé physique dégradée en IFSI : 80.9 % des ESI ont des douleurs musculo-squelettiques et 42.1% les ressentent “souvent” ou “tout le temps”. La fréquence de ces douleurs ressenties entraîne une consommation de thérapeutiques. En effet, 30.8% des ESI consomment des antalgiques de palier 1, 13.1% prennent des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), et 6.7% prennent des antalgiques de palier 2.
– une santé mentale au rabais : en 2017, 52.5% des ESI déclaraient que leur santé mentale s’était dégradée depuis le début de leur formation. En 2022, c’est près de 61.4% des étudiants qui sont concernés, soit une augmentation de près de 10% en 5 ans.
– alcool, drogues : les consommations augmentent, les addictions naissent : 1 étudiant sur 4 qui est fumeur dont 1 ESI sur 6 qui a commencé pendant la formation. Sur l’ensemble des fumeurs, 56% ont augmenté leur consommation depuis le début de la formation.  37.5% des ESI, soit plus d’1 ESI sur 3 boit de l’alcool au minimum une fois par semaine. 1 ESI sur 8 a déjà pris des substances telles que le cannabis, la cocaïne, du LSD ou de l’ecstasy depuis le début de sa formation.

« 1 étudiant sur 6 a déjà pensé au suicide durant ses études ».

– une précarité étudiante toujours ancrée : le constat est qu’aujourd’hui 52.8% des ESI pensent que leur santé financière est “mauvaise” ou “très mauvaise”. C’est d’ailleurs pour cette raison que 58.1% des ESI doivent travailler à côté de leurs études et parmi ces étudiants, 21.4% doivent travailler les week-ends et 7.5% travaillent 2 à 3 fois par semaine. C’est 1 ESI sur 4 qui doit travailler les week-end (hors vacances scolaires). Les ESI sont donc parfois confrontés à un dilemme : manger ou payer le loyer.
– discrimination, Harcèlement… : à ce jour, c’est 26.4%, soit plus d’1 ESI sur 4 qui estime avoir été victime de discrimination. Les discriminations prévalentes sont celles liées à l’âge pour 12.2%, à l’apparence physique pour 7.9% et aux origines pour 5.7%. Des chiffres déconcertants au sein d’une formation dite “humaine et bienveillante”.

« 1 ESI sur 3 a été victime de harcèlement durant sa formation et 1 ESI sur 6 a été victime d’agression sexuelle durant sa formation… »

Ces états de mal-être tant physiques mais surtout psychologiques ont des conséquences et pas des moindres. 59.2% des ESI ont déjà pensé à arrêter leur formation et que parmi ces personnes, 83.8% y ont pensé il y a moins d’un an. Une multitude de facteurs liés à la formation en elle-même ont été également dénoncés : manque d’encadrement, que ce soit en IFSI ou en stage, détresse financière ou encore une violence institutionnalisée. Pour la Fnesi, « il est aujourd’hui indispensable d’agir de manière durable et efficace pour les étudiants en sciences infirmières. Une réforme profonde de notre système d’enseignement est nécessaire pour répondre au mal-être ancré de notre formation« .

« Ministères de tutelles, institutions encadrantes, Prenez vos responsabilités et agissez pour le futur du système de santé. Cessez d’être les complices d’une spirale infernale : c’est à vous aujourd’hui de prendre soin des soignants de demain. Il est encore temps d’éviter la rupture définitive de notre système de santé ».

*L’enquête a été diffusée du 02 mars 2022 au 16 Avril 2022, soit sur une période de 46 jours, via la presse et l’ensemble des réseaux de la Fnesi. Elle a diffusé l’enquête auprès des associations étudiantes présentes dans les IFSI, des élus de promotions, des secrétariats et directions d’IFSI via tous ses canaux de communication habituels. Un questionnaire disponible sur internet permettait de recueillir les données sur 6 thématiques : santé physique, consommation et comportement à risque, santé mentale, santé financière, discriminations et violences sexistes et sexuelles, formation professionnelle. 78,5% des répondants ont entre 18 et 25 ans, 9,7% entre 30 et 40 ans, 7,2% entre 25 et 30 ans et une minorité (4,6%) ont plus de 40 ans.