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8/06
2022

Un pic saisonnier de suicide au printemps

Un « temps des suicides » est avéré au printemps, en lien avec les facteurs météorologiques, selon une recherche signalée par le GHU Paris psychiatrie et neurosciences. Publiée le 17 mai dans la revue Nature, l’étude porte sur les données françaises disponibles auprès de Santé Publique France, soit un peu moins d’un million de tentatives de suicide et 68 000 actes suicidaires. Ce travail apporte également des pistes pour la prévention.

Une collaboration inédite entre les chercheurs et cliniciens du GHU Paris et APHP Bichat, des experts de Santé Publique France et de Météo France révèle, dans le cadre d’une étude longitudinale de 10 ans, les facteurs convergents liés aux suicides.

Pour la première fois en France, les chercheurs mettent en évidence un pic saisonnier des tentatives et des suicides avérés au printemps, en lien avec les facteurs météorologiques. De manière plus large, ils observent également une diminution constante et régulière des actes suicidaires sur la période observée. Cette décroissance atteste d’une efficacité très probable des dispositifs de prévention et de soins mis en œuvre.

Ce que l’on sait :

Le suicide compte pour environ 1,5% de la mortalité mondiale, 1% en France, soit 10 000 cas, qui concerne majoritairement la catégorie des 15-29 ans. Une sinistralité multipliée par 10 à 20 en ce qui concerne les tentatives de suicide.

Ce que l’on cherche à savoir :

Les investigateurs se sont efforcés de croiser les occurrences des suicides avec différents indicateurs potentiellement prédictifs, à savoir les caractéristiques géographiques, le genre, l’âge, le moyen recouru pour mettre fin à ses jours et enfin l’existence ou non d’une pathologie psychiatrique.

Ce que l’on apprend :

Un schéma saisonnier récurrent se dessine, avec une fréquence des suicides accrue au printemps ; en terme de territoire, les personnes vivant dans le nord de la France passent davantage à l’acte. On repère une différence entre les genres : l’acte suicidaire se produit davantage chez les hommes, dans 75% des cas, dans la tranche d’âge 45/54 ans tandis que les tentatives de suicide, majoritairement des administration de médicaments, sont plus observées chez des personnes de sexe féminin, à la transition adolescente (15/19 ans) ou aux abords de la quarantaine (40/45 ans). Dans la majorité (63%) des tentatives de suicide, des troubles de l’humeur étaient présents.
Autre enseignement majeur du travail de recherche : au cours de la période analysée (2008-2018, avant la Covid), les suicides et tentatives observent une baisse de l’ordre de 12%. Un chiffre très encourageant à l’égard des politiques de prévention, telles que la mise en place du dispositif Vigilans.

Ce que cela change :

Les suicides sont particulièrement difficiles à anticiper et posent clairement une question de détection et de prévention ; par exemple, on sait que la moitié des personnes suicidaires ont consulté un médecin dans le mois précédant leur geste. Dès lors, l’étude, qui débouchera sur de nouveaux travaux, apporte des éléments objectivés de compréhension pour adapter des stratégies de prévention et de détection de signaux dits « prodromiques », avant-coureurs, chez certaines personnes à risque.

Seasonal changes and decrease of suicides and suicide attempts in France over the last 10 years, Marine Ambar Akkaoui, Christine Chan‑Chee, Karine Laaidi, Gregory Fifre, et al. Scientific reports, Nature, 2022, 12:8231, https://doi.org/10.1038/s41598-022-12215-3. Communiqué du GHU du 31 mai.