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16/06
2022

Quid des directives anticipées en psychiatrie…

Pionnier en France en matière de réhabilitation psychosociale et de rétablissement, l’équipe du service hospitalo-universitaire de santé mentale adulte du Pr Christophe LANÇON publie dans la revue prestigieuse, JAMA Psychiatry, les résultats d’une étude lancée en 2019 sur l’efficacité des directives anticipées psychiatriquesDéployées depuis les années 90 aux États-Unis et recommandées par des organisations phares (OMS, HAS, CGLPL…), les directives anticipées psychiatriques se développent rapidement dans le monde : elles sont inscrites dans la loi de plusieurs pays Européens (Allemagne, Pays Bas, Suisse, Royaume Uni…). Une journée d’étude est programmée au Ministère de la Santé et de la Prévention mercredi 16 novembre 2022 pour accélérer leur déploiement en France.

Un outil thérapeutique et préventif au service des patients et des soignants

L’étude, portée par les Hôpitaux Universitaires de Marseille (AP-HM) en partenariat avec le GHU Paris Neuroscience et le CH Le Vinatier à Lyon et initiée par le Dr Aurélie TINLAND, Psychiatre à l’AP-HM, permet de considérer la personne présentant des troubles psychiques comme partie prenante de ses soins en élaborant, avec elle, des directives anticipées psychiatriques qui permettent d’éviter de recourir à une hospitalisation et des soins sous contrainte.

A l’image des directives anticipées de fin de vie qui permettent, en cas d’accident ou de maladie grave, de signifier aux équipes médicales et aux proches ce que le patient souhaite ou ne souhaite pas voir mis en œuvre en termes de soins, de maintien artificiel des fonctions vitales ou d’hospitalisation, les directives anticipées psychiatriques permettent d’établir avec un patient présentant des troubles psychiques, les modalités à mettre en œuvre lors de moments de détresse.

Un essor rapide à travers le monde, encore marginal en France

Le déploiement rapide des directives anticipées psychiatriques dans le monde est étroitement lié aux recommandations de plusieurs instances de référence en France et à l’étranger (Organisation Mondiale de la Santé, Comité Consultatif National d’Éthique, Haute Autorité de Santé, Contrôleur Général des Lieux de Privation de Libertés, ONU (CRPD)).

En effet, elles répondent aux objectifs prioritaires des politiques de santé mentale actuelles : elles sont une application concrète en matière d’interventions préventives, d’autodétermination, de diminution des pratiques coercitives, de protection du droit des personnes et de leur rétablissement.

En France, leur déploiement reste encore marginal.

L’étude : réduction significative des hospitalisations et soins sous contrainte grâce aux DAP 

L’étude randomisée a inclus, dans 7 hôpitaux partenaires, 394 participants vivant avec des troubles bipolaires, une schizophrénie ou des troubles schizo-affectifs. Les résultats sont très significatifs, puisqu’au bout d’un an de suivi le fait de remplir des directives anticipées psychiatriques en présence des médiateurs réduit de plus de 30% les hospitalisations sous contrainte et améliore globalement la santé mentale.

Les directives sont élaborées par le patient avec un médiateur de santé-pair (une personne qui a-elle-même traversé des troubles psychiques et utilisé le système de soin). Les médiateurs ont un rôle crucial dans cette étude et feront l’objet d’un nouveau travail de recherche prochainement. Etranger à tout enjeu thérapeutique, il symbolise le fait qu’il est possible d’être totalement impliqué dans son parcours de soins et encourage le patient à s’emparer des différents moyens à sa disposition pour prendre les commandes, être davantage responsable de son existence.

Cette étude a permis de démontrer l’importance de la prévention, de l’anticipation et du changement de posture vis-à-vis de la santé et des soins des personnes présentant des troubles psychiques. Ainsi, l’élaboration même des directives anticipées permet aux patients de mieux anticiper, d’élaborer un plan d’action pour eux-mêmes, d’exprimer leurs souhaits concernant les traitements, les lieux de prise en charge, de laisser des consignes pour les proches. Ce travail permet d’identifier une personne de confiance, de décrire ses symptômes, de déceler les signes avant-coureurs d’une crise et ainsi prévenir ces situations. Ainsi, la plupart des personnes qui ont rempli des directives au cours de l’étude n’ont pas eu à s’en servir.

Communiqué de presse AP-HM du 16 juin 2022

Journée d’études  au Ministère de la Santé et de la Prévention le 16 novembre 2022 (Paris)
 Organisée par plusieurs organisations importantes de la psychiatrie en France (Advocacy France, APHM, CHU Saint Etienne, GHU Paris, Prism, Psycom, Santé Mentale France, Unafam), cette journée d’étude en présentiel et distanciel sera consacrée aux différentes mesures d’anticipation en psychiatrie existantes, dont les « Directives Anticipées Psychiatriques (DAP) ».
 En présence de nombreux experts et d’acteurs de terrain, elle sera l’occasion : de dresser un état des lieux de leur déploiement d’engager un débat ouvert avec tous les publics qui font la psychiatrie (personnes concernées, proches aidants, professionnels, représentants des hôpitaux et institutions) pour déterminer la place à leur accorder à l’avenir en France.
 
Plus d’information et inscription à l’évènement : 
https://my.weezevent.com/mesures-danticipation-en-psychiatrie-outils-de-droits-outil-de-soins