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9/03
2023

Psychose débutante et suicide

Au CHU de Brest, une équipe de recherche s’intéresse à l’impact des interventions précoces sur la réduction des conduites suicidaires dans les troubles psychotiques débutants.

Dans les troubles psychotiques débutants, les conduites suicidaires sont une cause majeure de morbi-mortalité, avec une prévalence des tentatives de suicide allant jusqu’à 35 % (1). L’un des facteurs de risque les plus prédictifs de ces conduites suicidaires est une durée de psychose non traitée (DPNT) allongée* (2). Au CHU de Brest, une équipe de recherche du réseau Transition a posé l’hypothèse qu’en réduisant cette DPNT par des programmes d’intervention précoce, on agissait sur ces conduites suicidaires.

L’intervention précoce est donc déployée à travers des dispositifs qui associent plusieurs professionnels (case-manager, infirmier, psychiatre, psychologue, …) et des prises en charge variées : pharmacothérapie, psychothérapie, thérapies psycho-sociales. Les chercheurs ont mesuré leur impact dans ce contexte.

– Une revue systématique de la littérature sur cinq bases de données met en évidence une diminution des idées suicidaires, des tentatives de suicide, et des décès par suicide dans les services d’intervention précoce. On constate également une diminution de toutes les causes de décès. Par ailleurs, les programmes menés sur 5 ans ont davantage d’impact que ceux sur 2 ans.

– Une méta-analyse avec comme critères de jugement principal les décès par suicide et secondaire les tentatives de suicide, montre une diminution d’environ un tiers des décès par suicide et de plus d’un tiers des tentatives de suicide dans les services d’intervention précoce. Les résultats sont statistiquement significatifs pour les deux critères et l’analyse de sensibilité va dans le même sens. L’hétérogénéité est modérée et non significative, ce qui conforte l’approche statistique utilisée et la pertinence du résultat.

Ces travaux apportent ainsi une motivation supplémentaire pour le déploiement de tels programmes. Selon les chercheurs, « il serait intéressant de réaliser une analyse médico-économique afin d’étudier l’impact de cette diminution des décès par suicide et tentatives de suicide mais aussi d’explorer l’intérêt d’un parcours de soins coordonné en lien avec les soins primaires pour réduire le risque suicidaire ».

* La DPNT est l’intervalle de temps entre l’apparition des premiers symptômes psychotiques francs d’une part et l’initiation d’une prise en charge psychiatrique adéquate. En France, la moyenne est d’au moins 18 mois.
1– PF. Bazziconi, C. Lemey, et al. CEVUP Program : An analytical epidemiological cohort study. 10e IEPA, Milan, 20-22 octobre 2016.
2– E. Tahmazov, C. Lemey, M. Walter. Suicidal behavior in early psychosis, (2020). Europ Psych. 63(S1), S45–S282, page 270.

• Impact de l’intervention précoce pour les patients présentant des troubles psychotiques débutants sur les conduites suicidaires. Contact : elkhan.tahmazov@chu-brest.fr