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16/03
2023

La prévention du suicide est un défi majeur dans le traitement des premiers épisodes de psychoses affectives

Une étude menée par le Service de psychiatrie générale (PGE) du Centre hospitalier Universitaire Vaudois montre que la présence de symptômes paranoïaques combinés à celle de symptômes maniaques ou dépressifs est associée à un risque accru de suicide dans les premiers épisodes de psychoses affectives (*) du premier épisode.

La prévention du suicide est un défi majeur dans le traitement des premiers épisodes de psychoses affectives, qui se caractérisent par l’apparition à la fois d’une psychose et de troubles de l’humeur comme une dépression ou une manie. En effet, la suicidalité est un facteur important de mortalité prématurée dans le premier épisode de psychose. Le risque de suicide est particulièrement important chez les patient·es combinant des symptômes de troubles de l’humeur et de troubles psychotiques. Il s’agit donc d’une préoccupation majeure pour les personnes qui traversent la phase initiale d’une psychose affective. Alors que la littérature scientifique suggère que la présence de symptômes paranoïdes combinée à un état maniaque ou dépressif est associée à un risque accru de suicide chez les patient·es en phase chronique de la maladie, aucune donnée à cet égard n’était disponible dans la phase précoce de ces maladies.

Par le biais de la présente étude, publiée en mars 2023 dans la revue scientifique Schizophrenia Research, nous avons cherché à savoir si les interactions entre les symptômes maniaques, dépressifs et paranoïaques affectaient la suicidalité chez des jeunes patient·e s traité·es pour un premier épisode de psychose affective. Nous avons étudié prospectivement 380 patient·es souffrant d’un premier épisode de psychose, inscrit·es dans le Programme de traitement et interventions dans la phase précoce des troubles psychotiques (TIPP) du Service de psychiatrie générale (PGE) du Département de psychiatrie et diagnostiqué·es comme souffrant de psychoses affectives ou non affectives. Nous avons comparé l’intensité et la présence de pensées suicidaires et l’occurrence de tentatives de suicide sur une période de suivi de trois ans et avons étudié l’impact des interactions entre les symptômes maniaques, dépressifs et paranoïaques sur le niveau de suicidalité.

Résultats

Après 12 mois de suivi, nous avons observé un niveau plus élevé de pensées suicidaires et de tentatives de suicide chez les patient·es atteint·es de psychoses affectives par rapport aux patient·es atteint·es de psychoses non affectives. La présence combinée de symptômes dépressifs et paranoïaques, ou de symptômes maniaques et paranoïaques, était significativement associée à une augmentation des pensées suicidaires. Cependant, la combinaison de symptômes dépressifs et maniaques a montré une association négative significative avec les pensées suicidaires. Cette étude suggère que la présence de symptômes paranoïaques combinés à celle de symptômes maniaques ou dépressifs est associée à un risque accru de suicide dans les premiers épisodes de psychoses affectives, ceci même si les patient·es ne présentent que des symptômes affectifs d’intensité modeste plutôt qu’un état dépressif majeur ou un état maniaque constitué.

Une évaluation détaillée de ces dimensions est donc indispensable chez les patient·es présentant un premier épisode de psychose affective, et le traitement intégré devrait être adapté au risque suicidaire accru chez ces patient·es, même s’ils et elles ne présentent pas de syndromes dépressifs ou maniaques complets.

Auteurs

Julie Ramain PhD, Philippe Conus MD, Philippe Golay PhD

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Source : Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, actualité

(*) Le terme « schizo-affectif » fut introduit par Jacob Kasanin en 1933 et appararut dans les classifications nosographiques comme le DSM en 1952, d’abord comme un sous-type de schizophrénie, puis comme un trouble distinct. Il décrit une forme de « psychose affective » associant des symptômes de la schizophrénie et des symptômes thymiques (maniaques et/ou dépressifs). Les troubles schizo-affectifs sont considérés par certains auteurs comme une forme frontière entre les schizophrénies et les troubles affectifs avec caractéristiques psychotiques, avec des délimitations cliniques floues. Pour d’autres, ils constitueraient une entité clinique à part entière telle que proposée dans les classifications nosographiques internationales (CIM-10 et DSM-5)Troubles schizo-affectifs, Bruno Étain Dans Les schizophrénies (2019), pages 130 à 134 (Lavoisier)