Des approches sensorielles pour réduire les troubles psycho-comportementaux
En psychiatrie de la personne âgée, une prise en charge non-médicamenteuse, riche de nombreux outils, réduit l’anxiété, l’agitation et les cris.
Depuis plusieurs années, la filière de psychiatrie de la personne âgée « Ker Lann » (Centre de santé mentale Yves Pelicier, Saint-Malo) propose aux patients une prise en charge non-médicamenteuse basée sur l’éveil des cinq sens, inspirée de la méthode Snoezelen. Tout est parti d’une observation : les patients psychiatriques vieillissants et les personnes âgées souffrant de troubles cognitifs et comportementaux évolutifs sont particulièrement réceptifs, en termes d’apaisement, aux sons, à la musique, aux lumières, aux textures… Ce constat a incité l’équipe à se former et développer toutes sortes de techniques et d’outils. En pratique, c’est Ludovic Badier, aide-soignant, formé à la méthode Snoezelen, à l’aromathérapie, à la sophrologie, aux bols tibétains…, qui promeut l’introduction d’une technique et forme ses collègues.
« Ces approches sensorielles induisent chez les patients des réactions inattendues. Les bénéfices sur l’agressivité et les angoisses sont notables… »
Aujourd’hui, un chariot mobile et un espace dédié modulable sont dotés d’un éventail d’outils : colonne à bulles, chaîne hi-fi, spots lumineux, diffuseur d’huile essentielle, projecteur de lumière et d’images à thème (jardin, école, maison, nature, nuit…), objets praxéologiques, pour certains vibrants. Les dernières propositions mises en place sont la « câlinothérapie », basée sur les bienfaits d’une peluche comme médiateur thérapeutique et les bols chantants tibétains. Frappés ou frottés via un mouvement circulaire, ces instruments de musique produisent des sons et vibrations.
Sans prescription médicale, cette prise en charge s’effectue à l’initiative des soignants en fonction des besoins des patients. Après chaque séance, une fiche de restitution intégrée au dossier médical du patient permet de noter les effets des stimulations sensorielles. Par ailleurs, des retours systématiques sont faits lors des staffs médicaux. « Nous constatons chez beaucoup de patients une amélioration de l’humeur, une diminution significative de l’anxiété, de l’agitation et des cris. Pour certains, nous pouvons même faire un lien avec une diminution des hypnotiques du soir et des fameux “si besoin”. Des patients habituellement instables et déambulant arrivent à se poser, à rester dans un groupe, à s’apaiser, voire à s’endormir durant certains ateliers relaxants », relate F. Denis, cadre de santé. Des approches sensorielles qui apaisent aussi les soignants, en leur permettant d’agir sur des symptômes psycho-comportementaux parfois déstabilisant et usant pour tous. L’unité recherche actuellement des mécènes pour financer une borne « Mélo », support conçu pour utiliser la musique en établissement.
• Contact : f.denis@ch-stmalo.fr ; l.badier@ch-stmalo.fr