IPA : une profession toujours en attente de valorisation

La profession d’infirmiers de pratiques avancées (IPA) peine à s’installer. Ainsi, les IPA salariés des secteurs public et privé reçoivent une reconnaissance salariale « insignifiante » et se heurtent à « l’inertie » des institutions. Ces éléments proviennent d’une enquête réalisée début avril par l’Union nationale des IPA, qui a pris en compte 331 réponses (73% dans le secteur public). Le syndicat évalue les conditions salariales, hiérarchiques et organisationnelles et les difficultés rencontrées, et propose des « régulations urgentes », en particulier sur les salaires.

L’enquête montre que dans le public, environ 28% d’IPA connaissent une baisse ou une absence d’augmentation de leur salaire net par rapport à leur ancien salaire d’IDE. L’augmentation moyenne est de 97 euros (en moyenne +4,1%), la médiane se situe à 50 euros. Dans le privé, l’augmentation moyenne est de 353 euros (+16%). Le syndicat dénonce la très faible incitation pour les IDE à s’engager dans une formation et des responsabilités exigeantes.

10 personnes déclarent avoir eu une perte de salaire, et 63 qu’elles n’ont aucune évolution, ce qui représente une proportion de 28%.

Dans le secteur public – dans le secteur privé, les données sont sensiblement équivalentes -, le temps d’attente moyen pour accéder à un poste d’IPA est de 7,98 mois et la médiane est de 6 mois, ce qui représente des chiffres considérables et démontre des difficultés importantes dans les prises de poste. Les raisons évoquées dans les réponses sont :
– l’absence de budget pour les créations de poste;
– les pénuries d’infirmiers qui incitent les directions à placer les IPA sur des postes IDE ;
– le manque d’organisation des structures qui n’ont pas préparé le retour des professionnels ;
– la mise en place des concours sur titre.
« Le manque de communication » criant des autorités au sujet de l’arrivée des IPA sur le terrain a conduit à une « méconnaissance des professionnels et des institutions, à laquelle s’ajoute une inertie qui complique les prises de poste, voire les retarde grandement« , en témoignent les nombreux mois d’attente avant d’occuper un poste pour une partie des IPA.

Dans le public, 24% des sondés (26% dans le privé) n’exercent pas leurs nouvelles compétences directement après l’obtention de leur diplôme, alors qu’ils ont bénéficié d’un financement de leur institution.

Par ailleurs, les freins réglementaires apparaissent une nouvelle fois dans cette enquête : ainsi le « protocole d’organisation » et sa méconnaissance limite grandement l’activité des IPA. Sa suppression est une nécessité absolue. De plus, à l’hôpital public, dans le contexte de pénurie médicale, les «nombreux intérimaires ou remplaçants » n’ont pas signé de protocole, empêchant l’IPA d’exercer. Par ailleurs, le choix de ne pas établir de modèle hiérarchique clair conduit à un manque de lisibilité et de clarté sur la place des IPA dans les institutions. « De nombreuses inégalités sont créées concernant les missions investies. » Sur le terrain, le « manque de communication criant des autorités (…) conduit à une grande méconnaissance des professionnels et des institutions… ».

La méconnaissance de la profession est une nouvelle fois un frein très important, nécessitant un important travail d’explication à l’échelon local, ce qui se complique d’un manque d’anticipation des structures.

Début avril 2023, une enquête sociologique (1) menée par l'IRDES, étudiait les pratiques des infirmières en pratique avancée (IPA) en soins primaires. En dépit de l’intérêt exprimé pour leur nouvel exercice, toutes décrivaient des difficultés majeures pour construire une activité clinique et investissaient en complément des activités de coordination d’équipe pluriprofessionnelle, ou continuaient en parallèle à exercer en tant qu’infirmière généraliste.
1- Infirmière en pratique avancée (IPA) en soins primaires : la construction difficile d’une profession à l’exercice fragile, Luan L. et Fournier C. (Irdes). Avec la collaboration d’Afrite A. (Irdes) ; Questions d’économie de la santé n° 277 – Avril 2023 (PDF)

• Enquête UNIPA 17 avril 2023 : État des lieux des IPA salariés. (PDF) Auteur principal : Jordan JOLYS, Vice-Président
en charge des réseaux territoriaux. Auteurs secondaires : Emmanuel HARDY, Président Hélène KERDILÈS, Vice-Présidente Formation Laurent SALSAC, Secrétaire Adjoint