« Gen’Fizz », une intervention pour les auteurs de violence sexuelle
Un dispositif de groupe permet aux auteurs de violences sexuelles de travailler leur défaut de représentations généalogiques, facteur de passage à l’acte.
La prise en charge des auteurs de violences sexuelles est un challenge à la fois sociétal et sanitaire. Un des facteurs favorisant le passage à l’acte et la récidive semble être en lien avec la confusion des générations. Appuyée sur la clinique et leurs précédentes recherches, la Plateforme référentielle « Auteurs de violences sexuelles » (PFR-AVS) du CHU de Saint-Étienne a élaboré et évalué une médiation groupale, intitulée « Gen’Fizz », visant à travailler l’intégration psychique de la généalogie.
La modalité groupale est en effet connue comme impactante pour cette population (1). En pratique, l’intervention réunit un groupe restreint de patients (pour se rapprocher d’un schéma familial) autour de propositions ludiques pour susciter l’intérêt et l’engagement (2). Les patients présentent un défaut de représentations généalogiques et reconnaissent les faits d’agression sexuelle et/ou de viol. Ils sont volontaires pour participer au groupe et s’engagent pour l’ensemble des 5 sessions hebdomadaires de 2 h 30 chacune. Il s’agit de favoriser la continuité et la concentration. Afin de garantir un engagement maximal dans le dispositif, les soins individuels sont interrompus pendant le cycle de soin groupal.
3 outils sont utilisés : « Qui est où ? », basé sur l’arbre généalogique ; « L’arc-en-ciel des familles », jeu de 7 familles représentant plusieurs schémas familiaux (classique, monoparentale, recomposée…) et « La famille a dit », autour des représentations populaires de la famille (expressions, croyances…). Le groupe est animé par 2 soignants. L’un participe activement au groupe pour stimuler l’engagement des patients, l’autre en posture d’observateur, garantit le cadre et régule les échanges. Au besoin, il peut également proposer des apports théoriques. Son rôle est aussi de prendre des notes sur la dynamique de groupe, les interactions et le positionnement des patients tout au long de la séance. Les éléments cliniques repérés pourront ensuite être repris avec le patient en séance individuelle post groupale pour approfondir une thématique.
Lors de la première séance, les patients auto-évaluent leurs connaissances relatives à leur schéma familial, leur vocabulaire et représentation de la famille et leurs liens intergénérationnels, sous la forme d’un « radar chart » (graphique en étoile plutôt qu’un questionnaire). Les 7 items sont ensuite recotés à la fin du cycle pour que le patient mesure ses progrès et les difficultés qui persistent. Ces autoévaluations mettent aujourd’hui en évidence l’amélioration du schéma familial et l’enrichissement du vocabulaire.
1– Ciavaldini, A. (2015). Pertinence des dispositifs groupaux dans la prise en charge des auteurs de violences. Un dispositif spécifique : le psychodrame bi-modal. Le Carnet psy, 2– Brun, A. (2021) Évaluation qualitative des médiations thérapeutiques par le jeu, Jeu et médiations thérapeutiques : Évaluer et construire les dispositifs de soin psychiques Dunod.
• Reconstruire la cognition généalogique pour prévenir les violences sexuelles : Gen’Fizz. C. T. Gabriel-Segard et al. Poster, Congrès de l’Encéphale, 2023. Contact : tristan.gabriel@univ-st-etienne.fr