Un « passeport d’apaisement » pour favoriser l’empowerment
Au sein d’un unité hospitalière pour adulte, patients et soignants ont imaginé un espace d’apaisement, prolongé par un « passeport d’apaisement »
Développer des alternatives aux mesures d’isolement et de contention est un enjeu majeur en psychiatrie. Dans une dynamique « d’ouverture des portes » d’une unité de soins pour adultes, l’Établissement psychiatrique Loire-Atlantique Nord (Epsylan) a coconstruit avec les patients des dispositifs de soins pour prévenir les situations de tension et de crise.
C’est ainsi qu’en 2021, un espace d’apaisement a été pensé avec les usagers puis installé dans l’unité. Cette pièce calme, confortable, équipée de matériaux multi-sensoriels favorisant le bien-être, a pour objectif de :
– Identifier et réguler le niveau de tension dans le service ;
– Expérimenter une approche sensorielle, qui permet au sujet de se retirer, se rassembler, mettre à distance ses angoisses, diminuer sa tension, se relaxer ;
– Prévenir et diminuer les passages à l’acte auto et/ou hétéro- agressifs ;
– Favoriser l’appropriation de moyens d’apaisement au travers de l’expérience afin que la personne identifie ses propres ressources, transfère ses acquis au quotidien et développe son autonomie.
En pratique, les usagers accèdent à cet espace sur la base du volontariat et de manière précoce en amont de la crise. à leur demande, ils y sont accompagnés par un soignant. On observe que les patients se saisissent de ce dispositif, et parviennent, avec l’aide des soignants, à désamorcer des états de stress. Pour potentialiser ces bénéfices, plusieurs prolongements ont été imaginés. Un « passeport d’apaisement » a ainsi été conçu pour permettre une autoévaluation des éléments de la crise et de sa résolution : les usagers relèvent leurs ressentis avant et après chaque séance. L’équipe conçoit actuellement un « plan d’apaisement conjoint », sous la forme d’un contrat écrit pour « formaliser » les soins d’apaisement individuels souhaités. Nécessitant un engagement commun, il a pour effet de soutenir une meilleure connaissance et acceptation des troubles et de favoriser l’empowerment (capacité d’agir). Une étude d’impact est en projet pour évaluer plus finement les bénéfices cliniques et valider les différentes dimensions de cette action.
• Contacts : Béatrice Nicolas, IPA, beatrice.nicolas@ch-epsylan.fr, E. Aubry, ergothérapeute, J. Boutet, V. Jambu, infirmières