Dépression et anxiété plus fréquentes chez les hospitaliers
La Direction de la recherche, de l’évaluation, des études et des statistiques (DREES) publie une étude sur la santé mentale des personnels hospitaliers à l’été 2021 comparée à celle de l’ensemble de la population en emploi. Elle met en perspective la fréquence des symptômes de dépression ou d’anxiété ou encore le besoin de prise en charge psychologique en lien principalement avec les conditions de travail.
Cette étude s’appuie sur les données de l’enquête Épidémiologie et Conditions de vie liées au Covid-19 (EpiCov) élaborée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et la DREES. Le troisième volet, source principale de l’étude présentée ici, a été mené entre le 24 juin et le 6 août 2021 auprès des répondants des deux premiers volets. Au total, 85 000 personnes ont répondu à cette troisième vague, dont 2 900 personnes salariées du secteur hospitalier.
Des symptômes de dépression et d’anxiété plus fréquents chez le personnel hospitalier
Le personnel hospitalier déclare plus souvent des symptômes de dépression et d’anxiété que l’ensemble des personnes en emploi :
- à l’hôpital, 41 % des personnes ont des symptômes de dépression légère à sévère, contre 33 % dans l’ensemble des personnes en emploi (graphique). Il en est de même pour les symptômes d’anxiété qui sont déclarés par 30 % du personnel hospitalier contre 25 % de l’ensemble des personnes en emploi.
- À noter que ce sont les symptômes de dépression légère à modérée qui sont nettement plus fréquents à l’hôpital que dans l’ensemble des personnes en emploi (38 % contre 30 %). Le constat est identique pour les symptômes d’anxiété légère à modérée avec des pourcentages qui s’établissent respectivement à 28 % et 22 %.
- En revanche, les symptômes de dépression et d’anxiété graves sont aussi fréquents à l’hôpital que dans l’ensemble des personnes en emploi.
- En lien avec ces symptômes plus répandus à l’hôpital, le personnel hospitalier déclare aussi plus fréquemment que l’ensemble des personnes en emploi des répercussions de ces symptômes dans leur vie quotidienne (26 % contre 19 %).
Plus d’un quart des personnes travaillant à l’hôpital déclare avoir besoin d’aide pour des difficultés psychologiques
Les personnes travaillant à l’hôpital déclarent davantage que l’ensemble des personnes en emploi avoir besoin d’aide pour des difficultés psychologiques (26 % contre 19 %). Elles ont davantage recouru à un professionnel pour ces difficultés depuis le début de la crise sanitaire : 11 % du personnel hospitalier a consulté pour la première fois depuis mars 2020, contre 7 % parmi l’ensemble des personnes en emploi. En outre, le personnel hospitalier est plus nombreux à avoir ressenti le besoin de consulter sans pour autant l’avoir fait (8 % contre 6 % de l’ensemble des personnes en emploi).
Les prévalences accrues des symptômes de dépression et d’anxiété parmi le personnel hospitalier s’expliquent principalement par leurs conditions de travail difficiles
La main-d’œuvre à l’hôpital se différencie de l’ensemble des personnes en emploi notamment par ses proportions élevées de femmes et de personnes exposées à des conditions de travail difficiles. La prévalence accrue des symptômes de dépression et d’anxiété à l’hôpital est, pour l’essentiel, expliquée par ces deux caractéristiques.
En effet, à caractéristiques personnelles égales et en contrôlant de la difficulté des conditions de travail rapportées dans l’enquête, le fait de travailler à l’hôpital pourrait même réduire légèrement les risques sur la santé mentale.
Les situations de tension au travail comportant une demande psychologique forte et une latitude décisionnelle faible, identifiées comme accroissant ces risques, sont plus fréquentes à l’hôpital. En 2017, elles concernaient 35 % des personnes salariées de la fonction publique hospitalière, contre 27 % de l’ensemble des salariés (Enquête SUMER 2017).
Les conditions de travail ayant le plus d’impact sur l’état de santé mentale des travailleurs sont les difficultés à concilier sa vie personnelle et sa vie professionnelle et les incitations à repousser un arrêt maladie pour venir travailler. Les périodes inhabituelles de surcharge de travail ont un impact moins important mais les personnes salariées à l’hôpital sont deux fois plus concernées que l’ensemble des personnes en emploi (54 % contre 28 %). De ce fait, cette condition de travail contribue fortement à la différence entre l’hôpital et l’ensemble des personnes en emploi concernant la prévalence des symptômes de dépression.
Par ailleurs, dans le secteur hospitalier, les tensions avec les collègues, lorsqu’elles existent, ont également un effet important sur le risque de symptômes de la dépression et de l’anxiété.