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27/06
2023

« Exercice de simulation d’appel à renfort en conditions réelles » : Grand Prix ANFH

L’association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH) a dévoilé le 22 juin dernier, le 16ème palmarès de son prix, récompensant la créativité des établissements pour proposer à leurs équipes des formations au plus proche de leurs besoins, autant innovantes que bénéfiques. Parmi les 5 actions récompensées, c’est le GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences qui décroche le « Grand Prix » pour son projet d’ »Exercice de simulation d’appel à renfort en conditions réelles ».

Le GHU est un établissement avec une activité psychiatrique importante. La question de la gestion de la violence des patients (de sa prévention, de son anticipation et de sa gestion réelle) est quotidienne. Le GHU est très actif sur le sujet et a créé depuis plusieurs années déjà un Observatoire Local de la Violence (OLV). La gestion de la crise et de la violence qu’elle peut générer à l’égard du personnel nécessite parfois l’appel de renfort entre les services et dans ce cas, la cohésion, la collaboration et la coopération doivent être au rendez-vous. Pour améliorer ces dernières, et donc à la fois la prise en charge des patients et la qualité de vie au travail, le GHU Paris psychiatrie & neurosciences a misé sur la simulation in situ.

« L’observatoire local de la violence a donc souhaité aller plus loin en proposant une formation à l’appel à renfort en situation réelle et in situ, explique Noémie Schoebel, directrice des ressources humaines au GHU. Il y avait derrière cette idée un double objectif : améliorer la qualité de vie au travail de nos agents et faire progresser la prise en charge des patients dans les situations de crise. » Débutée au printemps 2021, la réflexion se concrétise six mois plus tard avec l’écriture de quatre scenarii d’appel à renfort. « Nous avons pris du temps pour les élaborer à partir de cas cliniques, en faisant appel aux compétences de nos professionnels : le médecin psychiatre en charge de l’OLV, une professionnelle de notre CPOA (le Centre psychiatrique d’orientation et d’accueil) et à des formateurs de notre Ifsi, pour veiller à ce que les situations soient bien propices à l’apprentissage, détaille Dunia Mutabesha- Schittulli, directrice des usagers, de la qualité et de la gestion des risques au GHU, et conceptrice de la formation. Le scenario est vraiment capital dans la simulation en santé, car c’est lui qui va faire adhérer ou non les équipes, et leur permettre d’apprendre. Il faut qu’il soit très crédible, mais également très précis pour que l’acteur jouant le rôle du patient puisse réagir en fonction du comportement des soignants. » Une session test est organisée dès octobre 2021, puis la formation se répand dans les services.

Le scenario fut le suivant : une patiente en état dit « maniaque » refuse de rentrer dans sa chambre ; le personnel doit l’amener vers la désescalade.

Être confrontés à une situation telle qu’elle pourrait nous arriver dans une heure, un jour ou une semaine

« Nous avons dû réfléchir en tant qu’équipe à la façon de gérer la situation, détaille Maïté Berruyer, infirmière en psychiatrie au GHU Paris. Cela nous a permis d’ouvrir des réflexions sur l’amélioration de nos prises en charge dans ces cas-là. » Diogo Nogueira, cadre du service, abonde : « Cet exercice nous permet de ne pas faire d’injonctions, mais de décider de manière collective de la meilleure chose à faire. » Au-delà d’un apprentissage de gestes purement techniques, sur la bonne mise en sécurité d’un patient par exemple, l’exercice de simulation vise surtout à faire progresser les agents sur des compétences plus diffuses : la communication, la coopération, la cohésion… qui s’apprennent plus efficacement lors de mises en situations réelles que par la théorie. Lors de la formation, qui se déroule sur trois heures, une partie du service est actrice, tandis que l’autre est observatrice. Le programme comprend un briefing, qui expose le bilan des violences au niveau du GHU Paris, puis la simulation en elle-même, et enfin le débriefing, à l’aide des images filmées pendant la simulation. Les agents apprécient le fait que la direction prenne concrètement en charge la question de la gestion de la crise physique et plébiscitent la méthode de la simulation. En général, ils demandent à ce que leurs collègues puissent en bénéficier rapidement, estimant eux-mêmes en tirer des bénéfices. Un guide pratique
destiné aux professionnels a été mis au point en parallèle de la formation.

« Dans une situation de crise, il ne peut pas y avoir de place pour le clivage ou pour l’ambiguïté, résume Diogo Nogueira, cadre de santé. Grâce à cette formation, nos équipes ont amélioré leur méthode et leur organisation. Elles ont gagné en sérénité ainsi qu’en sûreté. »

La formation par simulation mise en place par le GHU Paris présente en plus la particularité de se dérouler in situ, ce qui, là encore, offre un double avantage. D’une part, elle permet de faire revenir les agents vers la formation : ceux-ci n’ont pas à se déplacer, l’exercice vient à eux, la gestion du temps est donc moins un obstacle. D’autre part, dans les situations de violence, la configuration des locaux a un rôle important : les équipes ne se déplacent pas de la même manière et ne sécurisent pas le patient de la même façon dans tous les services… ce que la formation dans l’unité en elle-même permet de prendre en compte.

« Si la simulation en santé est ainsi déjà fréquemment employée pour des gestes d’urgence par exemple, cette première mise en place par le GHU Paris prouve qu’elle a aussi toute sa place en psychiatrie.«

Voir la vidéo du projet du Groupe Hospitalier Universitaire Paris psychiatrie & neurosciences

• L’ANFH dévoile le 16ème palmarès du Prix ANFH, communiqué du 22 juin 2023.
Voir l’ensemble des Prix, dans le détail, sur le Livret Prix ANFH (PDF)