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20/09
2023

Une femme sur six souffre de dépression du post-partum

Une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) montre que deux mois après l’accouchement, une femme sur six présentait une dépression du post-partum (DPP), plus d’une sur quatre un niveau d’anxiété important, et qu’une femme sur 20 déclarait des idées suicidaires.

La dépression du post-partum (DPP), l’anxiété et les idées suicidaires peuvent avoir des conséquences délétères sur la mère et le nouveau-né. Les objectifs de cette étude étaient d’estimer la prévalence de la DPP, de l’anxiété et des idées suicidaires à deux mois post-partum (PP) chez les femmes accouchées en France en 2021 et d’en proposer des déclinaisons régionales.

Résultats

En 2021, en France hexagonale, la prévalence de la DPP était de 16,7% (intervalle de confiance à 95%, IC95%: [15,7-17,7]), avec une disparité régionale faisant ressortir des régions avec des prévalences significativement inférieures (Hauts-de-France, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine) ou supérieures (Île-de-France, Centre-Val de Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur) à celle de l’Hexagone.

La prévalence de l’anxiété était de 27,6% [26,5-28,8] globalement et de 83,2% [80,6-85,7] parmi les femmes présentant une DPP. Une disparité régionale était également observée pour l’anxiété avec des prévalences significativement inférieures (Normandie, Nouvelle-Aquitaine) ou supérieures (Centre-Val de Loire, Provence- Alpes-Côte d’Azur) à celle de l’Hexagone.

La prévalence des idées suicidaires était de 5,4% [4,7-6,1] globalement et de 23,8% [12,1-26,9] parmi les femmes atteintes de DPP.

Réalisées sur un échantillon représentatif de femmes accouchées en France hexagonale en mars 2021, ces estimations montrent que, deux mois après l’accouchement, une sur six présentait une DPP, plus d’une sur quatre un niveau d’anxiété important, et qu’une femme sur 20 déclarait des idées suicidaires. Ces résultats sont en accord avec les données internationales sur la santé mentale périnatale. Ils soulignent le caractère fondamental des politiques de prévention et la nécessité d’une adaptation de l’offre de soins en psychologie/psychiatrie, en adéquation avec les besoins importants décrits.

Ces résultats renforcent la nécessité d’une évaluation des manifestations psychiatriques en période postnatale et le caractère fondamental des politiques de prévention, en particulier en lien avec le parcours des 1 000 premiers jours, de repérage et de soutien des femmes en période postnatale. En effet, il a été démontré qu’en l’absence de dépistage systématique, on retrouve une sous-déclaration des symptômes psychiatriques et une absence de recours aux soins. Les femmes accueillent favorablement ces dépistages, avec une bonne acceptabilité des auto-questionnaires. Ainsi, les initiatives de dépistage systématique apparaissent comme la première étape à une prise en charge adaptée. Par ailleurs, le questionnaire EPDS (Edinburgh Postpartum Depression Scale), malgré ses limites, peut permettre à lui seul d’aider le clinicien dans ce triple dépistage universel des femmes en PP. Il est indispensable d’évaluer ces symptômes précocement et régulièrement après l’accouchement.
C’est dans cet objectif que l’entretien postnatal est devenu obligatoire en France pour permettre d’améliorer la prévention, le dépistage et de ce fait la prise en charge des troubles survenant en PP.

Les données très riches de l’enquête nationale périnatale (ENP) 2021 permettront à l’avenir de mieux cerner les déterminants de ces différents troubles du PP dans le contexte français, afin d’orienter les stratégies de prévention vers des sous-groupes de femmes à plus haut risque.

Méthodes – L'échantillon incluait 7 133 femmes accouchées en France hexagonale sur une semaine donnée de mars 2021 et ayant complété les 10 items de l’auto-questionnaire Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS) à deux mois PP. Les données ont été pondérées de façon à être représentatives des femmes accouchées en France hexagonale cette même semaine. Les prévalences nationales de la DPP (score EPDS≥13), de l’anxiété (EPDS-3A≥5) et des idées suicidaires (item 10 de l’EPDS≥1) ont été estimées. Au vu des effectifs, seules les prévalences régionales de la DPP et de l’anxiété, standardisées sur l’âge, ont été estimé

Doncarli A, Tebeka S, Demiguel V, Lebreton É, Deneux-Tharaux C, Boudet-Berquier J, et al. Prévalence de la dépression, de l’anxiété et des idées suicidaires à deux mois post-partum : données de l’Enquête nationale périnatale 2021 en France hexagonale. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(18):348-60.