Soutenir les étudiants confrontés à un premier épisode psychotique
Un dispositif original vient soutenir les étudiants confrontés à un premier épisode psychotique : la Summer School. Développée par l’équipe Premiers épisodes psychotiques (PEPS) (CH Le Vinatier, Lyon), cette intervention a été présentée lors des dernières Journées internationales des pathologies émergentes du jeune adulte et de l’adolescent (Jipejaad).
Les troubles psychotiques concernent 3% de la population et surviennent le plus souvent avant l’âge de 25 ans (1). Si les centres d’intervention précoce ont montré leur efficacité dans la rémission symptomatique, l’amélioration du fonctionnement social (études, travail, relations) reste un besoin prioritaire des usagers. Près de 82% de jeunes confrontés à un premier épisode psychotique (PEP) doivent en effet interrompre leurs études, et parmi eux, seuls 15% environ obtiendront leur diplôme (2). Les freins majeurs sont de deux ordres : des troubles cognitifs et cliniques résiduels et des difficultés d’accessibilité aux programmes de remédiation cognitive (souvent longs, ils sont proposés généralement en semaine). De plus, les jeunes avec un PEP présentent un profil clinique et cognitif différent des étudiants ayant des difficultés de santé psychique rencontrés dans les services de santé universitaire (SSU) qui ne peuvent leur consacrer de programme dédié.
C’est dans ce contexte que l’équipe Premiers épisodes psychotiques (PEPS) (CH Le Vinatier) a élaboré la Summer School, dispositif original qui mobilise à la fois des intervenants académiques, des SSU, et des soins, directement dans la Cité et les locaux de l’université, pour soutenir les jeunes avec PEP dans leurs études et éviter les décrochages scolaires. Cette intervention se déroule en 5 jours, pour des petits groupes de 10 patients, repérés au cours des soins. Elle s’articule autour de psychoéducation et de mise en pratique autour des thématiques et techniques suivantes : stratégies d’apprentissage, concentration, procrastination, régulation émotionnelle, équilibre de vie (études, loisirs, entourage…), activité physique, entrainement aux habiletés sociales.
L’objectif est triple :
• Intervenir dans le milieu scolaire (intervention écologique) : les usagers sont identifiés dans leur rôle d’étudiant et non de patients. En outre, comme pour une thérapie d’exposition, rencontrer des intervenants académiques à l’université et au sein d’un groupe étayant diminue l’anxiété autour de la scolarité.
• Proposer une psychoéducation autour du fonctionnement cognitif, des émotions, des aspects sociaux. Comprendre comment fonctionne la mémoire permet d’initier des stratégies pour mieux apprendre ses cours. Ces séances de psychoéducation comprennent également des mises en pratique autour d’outils ou de stratégies concrètes que les étudiants pourront tester.
• Rencontrer différents interlocuteurs. La Summer School permet d’identifier des acteurs scolaires et du soin vers lesquels les étudiants pourront se tourner si besoin au cours de l’année.
Présentées aux dernières Journées internationale des pathologies émergentes du jeune adulte et de l’adolescent (Jipejaad), les premiers résultats de la Summer School montrent une bonne acceptabilité et satisfaction de la part des usagers. Des mesures longitudinales seront prévues pour vérifier si l’inscription dans les études se maintient et si le sentiment de bien-être autour des études s’améliore.
1–Perala (2007). Lifetime prevalence of psychotic and bipolar I disorders in a general population, Arch Gen Psychiatry, doi: 10.1001/archpsyc.64.1.19. 2– Shinn et al. (2020).
• F. Haesebaert, Pr de psychiatre, A. Pavard, neuropsychologue, T. Pichori, ergothérapeute, Service PEPS-SUR-CL3R, CH Le Vinatier, Contact : Amelie.PAVARD@ch-le-vinatier.fr – Voir aussi le site des Jipejaad.