Dégradation de la santé des professionnels : quel coût pour les établissements ?
Doter les directeurs d’établissement d’un outil précis de mesure du coût de l’absentéisme et du présentéisme imputables à l’état de santé des professionnels de santé, telle est la finalité du projet Valoris mené par un groupe pluridisciplinaire de chercheurs de l’École des hautes études en santé publique (EHESP).
L’objectif principal de cette étude est la valorisation du capital humain. La question de recherche centrale s’articule autour du coût pour les établissements, lié à la dégradation de l’état de santé des professionnels de santé (PS).
Les points clés qui seront examinés sont :
– le moment opportun pour mettre en œuvre des actions préventives ou correctives ;
– l’évaluation du gain potentiel par rapport au coût de l’inaction ;
– les connaissances actuelles sur les coûts associés à ces problématiques.
« Le laisser-faire s’arrête quand le coût de l’inaction devient supérieur au coût de l’action », explique Nicolas Sirven, de l’École des hautes études en santé publique (EHESP), qui souhaite doter les directeurs d’établissement d’un outil précis de mesure du coût de l’absentéisme et du présentéisme imputables à l’état de santé.
Le calcul des coûts se concentre sur l’évaluation du cout associé à l’absentéisme. Cette évaluation inclut le coût de friction, qui correspond au coût temporaire d’adaptation à l’absence d’un employé, et le coût de remplacement des professionnels de santé absents. De plus, une attention particulière est portée au point de vue de l’employeur pour déterminer le moment opportun, économiquement, pour intervenir. Cette approche veut permettre de comprendre le moment optimal pour agir afin de minimiser les coûts liés à l’absentéisme mais aussi ses conséquences dans le milieu de travail. Le livrable principal sera un coefficient multiplicateur applicable aux salaires des personnes absentes. Cet outil est conçu pour être facilement utilisable par les hôpitaux, leur permettra ainsi de quantifier de manière plus efficace l’impact économique de l’absentéisme sur leur organisation.
`Pour mener son étude, par ailleurs soutenue par la Fondation MNH, l’équipe de recherche de l’EHESP ambitionne de reproduire l’étude dite de Strömberg, mise au point en 2017 en Suède, elle-même inspirée de travaux américains. Elle propose une méthode empirique pour mesurer les coûts à partir d’une enquête auprès des manageurs. Les chercheurs adapteront cette méthode en France et c’est une première. Elle proposera un questionnaire aux manageurs des établissements des secteurs sanitaire et social, public et privé, qu’ils soient directeurs, directeurs des soins, cadres de santé, responsables administratifs et techniques, ou encore chefs de services et de pôles, en 2024 et 2025. Un livrable de calcul sera disponible fin 2025 pour les établissements de santé.