Les transformations du monde du travail : quels impacts sur la santé mentale ?
Nouvelles conditions de travail et de management, télétravail, emplois précaires… La Dares publie quatre rapports de recherche sur les répercussions des transformations récentes du monde du travail sur la santé mentale. Ces travaux s’intéressent également aux dispositifs pour prévenir, rétablir ou réparer les atteintes à la santé mentale des actifs.
À l’issue d’un séminaire de recherche « Santé mentale, expériences du travail, du chômage et de la précarité » qui s’est achevé en 2018, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) ont lancé en 2019, un appel à projets de recherche afin d’examiner les conséquences des transformations des conditions et de l’organisation du travail, des nouveaux modes de management, des nouvelles formes d’emploi, ainsi que des emplois précaires et du chômage sur la santé mentale. Cet appel visait également à explorer les dispositifs de prévention, de rétablissement ou de réparation des atteintes à la santé mentale des actifs.
Le travail, tant dans l’épanouissement qu’il procure que dans l’investissement et les efforts qu’il nécessite et les souffrances qu’il génère, participe à la construction psychique de chaque sujet. Plus largement, le couple emploi-travail constitue un mode de socialisation et d’intégration majeur. Quand il est source de plaisir, le travail peut constituer un lieu d’accomplissement de soi. En cela, le travail peut être bénéfique pour l’équilibre mental, mais il peut aussi se révéler pathogène.
En effet, l’organisation et les conditions de travail, en particulier lorsqu’elles évoluent, peuvent entrainer une intensification et une insécurisation du travail. Cela peut causer une souffrance psychique chez les individus, surtout lorsque les changements sont brutaux et font insuffisamment sens pour les travailleurs.
Parallèlement, le chômage et la précarité des emplois (contrats courts, à temps réduit, faible rémunération, cumul d’emplois…) exposent également les individus à la souffrance psychique. Ne plus avoir de collègues de travail, ne pas retrouver d’emploi, se sentir inutile, ne pas pouvoir envisager l’avenir, ne plus pouvoir payer son loyer… sont autant de risques liés aux situations de chômage ou de précarité de l’emploi. Le retour à l’emploi après un épisode de chômage peut à l’inverse ouvrir des possibilités de rétablissement de la santé mentale.
Pour explorer ces différentes dimensions, plusieurs projets ont été retenus. Quatre ont été spécifiquement suivis par la Dares, qui publie les rapports de recherche sur son site :
• Impact de l’intensification et de l’autonomie au travail sur la santé mentale, S. Blasco et al, laboratoire Gains, Valorisation de la recherche, n°4, août 2024.
• Étude des relations entre les conditions de travail difficiles, les troubles du sommeil, la dépression et les conduites addictives chez des travailleurs en situation de précarité dans la cohorte CONSTANCES, G. Airagnes et al., AP-HP, Valorisation de la reche, n°5, août 2024.
• Santé mentale et expérience subjective du chômage, A. Duarte, Institut de psychodynamique du travail, Valorisation de la recherche, n°6, août 2024.
• Les effets subjectifs des « nouvelles » organisations du travail, C. Dejours, Institut de psychodynamique du travail, Valorisation de la recherche, n°7, août 2024.