Des voix pour la neurodiversité !
À Lyon, un chœur composé d’adolescents avec autisme, de soignants et de choristes adultes donne corps au concept de neurodiversité.
Depuis 2021, le Ha’Chœur rassemble des adolescents avec un diagnostic d’autisme, des soignants et des choristes adultes (tout public) pour chanter sous la direction de Maude Georges, cheffe de chœur. Porté conjointement par le Service de neuro-développement réhabilitation intervention spécialisée chez l’enfant (Sunrise, Le Vinatier Psychiatrie universitaire Lyon métropole) et l’association de chant choral Lavéli, ce projet propose aux jeunes une approche inclusive du chant, où chacun peut contribuer à l’harmonie collective avec sa singularité, dans une optique d’abord artistique. Chaque saison, le chœur répète chaque semaine durant 4 à 5 mois, hors les murs de l’hôpital, pour monter un spectacle a capella, et proposer des représentations publiques dans la métropole lyonnaise.
Les retours très positifs de tous ont poussé l’équipe à s’engager dans une démarche de recherche, afin d’analyser ce qui se joue (1). Au-delà du plaisir que chacun manifeste, des bénéfices notables pour les jeunes sont perçus en termes de santé mentale globale et de comportements sociaux. Les différents participants décrivent le chant choral comme un outil particulièrement puissant pour permettre des rencontres de qualité, en facilitant une posture d’ouverture, et ce même entre des groupes qui rencontrent habituellement des difficultés à interagir.
Cette expérience offre également une incarnation du concept de « neurodiversité », qui valorise la diversité des fonctionnements neurocognitifs, vue comme une richesse naturelle de l’humanité, là où une conception biomédicale « classique » tend à considérer les écarts à la norme comme des anomalies. Le Ha’Chœur donne corps à cette richesse : la diversité de ses voix lui permet de produire une performance plus authentique, plus vibrante. Embrasser cette diversité plutôt que de chercher à l’atténuer est coûteux mais profite donc non seulement aux personnes avec un diagnostic, mais aussi au groupe dans son ensemble. Par ailleurs, si le paradigme de la neurodiversité gagne en influence dans la communauté professionnelle, il bouscule aussi les institutions et les postures professionnelles. Le Ha’Chœur fonctionne alors comme un laboratoire social pour expérimenter : comment faire ensemble tout en s’appuyant sur les singularités de chacun ?…
• Contact : N. Petit, nicolas.PETIT@ch-le-vinatier.fr
1– La recherche est en cours avec un financement du Vinatier. De premiers résultats ont été publiés « On est tous en chœur, on est tous ensemble » : le Ha’Chœur, une expérience de chœur neurodivers, déc 2024, voir www.researchgate.net/publication.