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13/05
2025

Primo-prescription pour les IPA : explication de texte

L’arrêté permettant aux infirmiers en pratique avancée (IPA) de primo-prescrire certains traitements dans un cadre sécurisé et coordonné est enfin paruIl marque une avancée décisive pour la reconnaissance des compétences des IPA. Explication de texte.

L’arrêté du 25 avril 2025, modifiant celui du 18 juillet 2018 qui fixe la liste des produits de santé et prestations que les infirmiers en pratique avancée (IPA) peuvent prescrire dans le cadre de la primo-prescription, a été publié (voir notre article). Le renouvellement de ces prescriptions ne peut de faire sans concertation médicale. Cet arrêté était attendu de longue date par la profession, et fait suite au décret issu de la Loi « Rist 2 », qui ouvrait l’accès direct et la primo-prescription aux IPA. L’objectif de ces mesures, votées en 2023, était de proposer une nouvelle offre de soins et un accès repensé aux différents professionnels de santé. A cette étape, les IPA pouvaient prendre en charge des patients en première intention, mais sans introduire de prescription, même s’ils en identifiaient la nécessité.

Concrètement, en quoi consiste la primo-prescription ?

Les IPA sont aujourd’hui autorisés à prescrire en première intention certains médicaments, dispositifs médicaux ou prestations de santé (comme des arrêts de travail ou des prescriptions de transport) dès la première consultation.

Deux annexes composent ce nouvel arrêté, que contiennent-elles ?

Une première annexe dresse la liste des prescriptions de produits ou prestations soumis à prescription médicale obligatoire que l’ensemble des IPA, toutes mentions confondues, est habilité à prescrire en première intention. Il s’agit :

*programmes d’activité physique adaptée assurée par un professionnel de l’APA ;

*soins et d’actes infirmiers, y compris le bilan de soins infirmiers ;

*arrêt de travail jusqu’à 3 jours ;

*transports sanitaires ;

*bande ou bas de contention de classe 1 et 2 ;

*équipements de protection individuelle ;

*compléments nutritionnels oraux ;

*antalgiques de palier 1 ;

*solutés intraveineux d’électrolytes, ions et glucose : NaCl 0,9 %, G5 %, G30 % ;

*antidiarrhéiques : lopéramide, racecadotril, antihistaminiques H1 peu sédatifs par voie orale ;

*antispasmodiques à visée digestive et pansements digestifs ;

*anesthésiques locaux en gel, crème ;

*antiseptiques locaux ;

*pansements médicamenteux ;

* inhibiteurs de la pompe à protons ;

*laxatifs de lest, osmotiques et lubrifiants ;

*traitements antibiotiques pour des infections identifiées à l’aide de tests rapides d’orientation diagnostique, sous condition du suivi d’une formation définie par arrêté :

*Fosfomycine-trométamol, pour traiter une cystite chez la femme de 16 à 65 ans sans facteur de risque de complication ;

*Amoxicilline, pour traiter une angine bactérienne à strepto-test positif chez le patient âgé de 10 ans ou plus ;

*en renforcement des Programmes nationaux de dépistage organisés dans les cas où les prescriptions systématiques n’ont pas été suivies d’effet : mammographie, frottis cervico-utérin (FCU), kit de dépistage du cancer du côlon ;

*kit de Naloxone dans le cadre d’une prise en charge en urgence.

L’ensemble de ces traitements pourront être renouvelés après une primo-prescription à condition d’une concertation médicale.

La deuxième annexe répertorie les traitements qu’il est possible d’introduire, en fonction de chaque mention (Pathologies chroniques stabilisées ; prévention et polypathologies courantes en soins primaires ; Oncologie et hémato-oncologie ; Maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale ; Psychiatrie et santé mentale ; Urgences). Ainsi, chaque mention bénéfice d’une liste de traitements que l’IPA peut introduire sans diagnostic médical préalable et d’une liste où un diagnostic médical préalable est nécessaire.

Concernant le domaine d’intervention « Psychiatrie et santé mentale », voici la liste des produits et prestations que l’infirmier en pratique avancée est autorisé à prescrire :

1-Sans diagnostic médical préalable :

*correcteurs du syndrome extrapyramidal induit par les neuroleptiques : tropatépine, bipéridène, trihexyphénidyle ;

*anxiolytique : hydroxyzine.

Les prescriptions listées ci-dessus ne peuvent être renouvelées sans concertation médicale ;

2-Avec diagnostic médical préalable :

*prise en charge d’un syndrome anxio-dépressif peu sévère à modéré : inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), anxiolytique ;

*mélatonine ;

*baclofene, nalmefène (dans le cadre d’une prise en charge addictologique) ;

*acamprosate, disulfirame (prévention de rechute chez le patient alcoolo-dépendant) ;

*benzodiazépine dans le cadre du sevrage alcoolique ;

*benzodiazépine dans les manifestations anxieuses sévères et invalidantes ;

*anticholinergiques ;

*thiamine ;

*prolactinémie en suivi des antipsychotiques.

Les prescriptions listées ci-dessus ne peuvent être renouvelées sans concertation médicale :

En quoi consiste la concertation médicale ?

La concertation médicale est un échange entre l’IPA et le médecin, afin d’informer des traitements introduits et de la nécessité de les renouveler. Elle est formelle ou informelle, mais doit être consignée dans le dossier du patient. Il faut bien comprendre qu’elle est nécessaire pour le renouvellement du traitement, et non pas pour son introduction. Par exemple, si un IPA introduit un antalgique de palier 1 pour une durée de 7 jours, il n’y a pas besoin de concertation. A l’inverse, s’il initie un antidépresseur sur le long terme, avant le premier renouvellement, la concertation devra avoir lieu et être portée dans le dossier du patient.

Quelle est la plus-value pour les patients ?

Cette étape va permettre un meilleur accès aux soins et une simplification du parcours, tout en garantissant la sécurité. La primo-prescription donne une vraie cohérence à l’accès direct, en permettant à l’IPA d’offrir une réponse thérapeutique à un patient qui viendrait consulter pour la première fois, si cela rentre dans son champ de compétences. La possibilité de prescrire un antibiotique en cas d’angine bactérienne identifiée à l’aide d’un test rapide d’orientation diagnostique (TROD) en est un bon exemple. On peut regretter l’absence d’éléments importants pour la pratique quotidienne, comme la possibilité d’établir des certificats dans le cadre de certaines demandes sociales (telle que l’allocation adulte handicapée), qui était pourtant évoquée, mais cette liste de prescriptions est vouée à évoluer …

Jordan Jolys, IPA Psychiatrie Santé Mentale – Vice-Président UNIPA modes d’exercice et réseaux territoriaux