Gestes auto-infligés : croissance des hospitalisations chez les jeunes femmes

Selon le bulletin de surveillance annuelle des conduites suicidaires de Santé publique France, les jeunes filles et jeunes femmes de 11 à 24 ans, présentaient en 2024, les taux d’hospitalisation pour geste auto-infligé (tentatives de suicide et automutilations) les plus élevés.
Dans le détail, et d’une manière plus générale, en 2023, 74 039 passages aux urgences pour geste suicidaire ont été recensés en France et 91 162 hospitalisations pour geste auto-infligé ont été dénombrées, soit un taux de 134 hospitalisations pour 100 000 habitants (+ 2,9 % par rapport à 2022). Parmi ces passages, près de 2 sur 3 concernaient des femmes (66,2 %). Les 25-44 ans et les 18-24 ans étaient les tranches d’âge les plus représentées chez les femmes (23,7 % pour les 25-44 ans) .
La hausse des hospitalisations plus marquée dans les Hauts-de-France, en Normandie et en Bretagne, tandis que la Corse, l’Ile-de-France ou les Drom affichent les taux les plus bas, était observée chez les femmes (+ 3,6 % du taux standardisé d’hospitalisation par rapport à 2022), alors que celui des hommes restait stable (+ 1,6 %).
Les jeunes filles et jeunes femmes de 11 à 24 ans présentaient les taux d’hospitalisation pour geste auto-infligé les plus élevés, notamment les jeunes filles de 15 à 17 ans avec 737 hospitalisations pour 100 000. Cette tendance chez les jeunes patientes avait déjà été observée* en mai 2024 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Pour Santé publique France, « ces taux, dont la hausse est observée depuis de nombreuses années, après une baisse en 2020 due probablement à la pandémie de Covid-19, ont fortement augmenté suite à la crise sanitaire et semblent donc encore continuer leur augmentation en 2023 pour les jeunes femmes« .
Concernant les décès par suicide, près de 8 900 ont été recensés en France entière (Hexagone + DROM), correspondant à un taux standardisé de 13 décès pour 100 000 habitants (- 0,9 % par rapport à 2020). Les hommes de 45 ans et plus présentaient les taux de décès par suicide les plus élevés, avec un taux de décès de 39 pour 100 000 chez les 65 ans et plus et de 30 pour 100 000 chez les 45-64 ans.
Des données incomplètes aux urgences En 2022, expliquent les rapporteurs, une modification technique du logiciel Terminal Urgences (principalement utilisé en PACA et en Corse) a impacté le codage des diagnostics des passages aux urgences pour geste suicidaire, "entrainant ainsi une forte sous-estimation des effectifs dans les deux régions et donc au niveau national. Ce problème ayant persisté en 2023 (résolu depuis avril 2024 mais sans reprise d’historique pour les années 2022 et 2023), il a été décidé de ne pas présenter d’indicateurs d’évolution issus du réseau des urgences OSCOUR® pour la France entière".
*Hospitalisations pour geste auto-infligé : une progression inédite chez les adolescentes et les jeunes femmes en 2021 et 2022, Etudes et Résultats, Drees, mai 2024.
• Bulletin de surveillance annuelle des conduites suicidaires, Santé publique France, 12 mai 2025 (PDF).
• A lire sur Santé mentale, 4 février 2025, Etat des lieux des conduites suicidaires