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24/06
2025

Quid de la prise charge des patients « psy » aux urgences

Echo de congrès – Aux urgences, les patients avec des antécédents psychiatriques sont stigmatisés, connaissent des délais de prise en charge qui ne cessent de s’allonger, conduisant à un nombre certain d’évènement indésirables, parfois graves. Des sociétés savantes préparent un guide et des recommandations pour garantir un accueil standardisé et de qualité.

Le contexte actuel de crise sans précédent de la psychiatrie impacte fortement les structures d’urgence. Au Congrès Urgences, qui s’est tenu du 4 au 6 juin à Paris, le Pr Anthony Chauvin (Hôpital de Lariboisière, APHP), lors d’une session dédiée à la discipline, rappelle l’importance de ne pas catégoriser trop rapidement les patients à présentation psychiatrique. Ces patients stigmatisés, connaissent en effet des délais de prise en charge qui ne cessent de s’allonger, conduisant à un nombre certain d’évènement indésirables, parfois graves. « Ce sont des patients fragiles, pour lesquels la mortalité est multipliée par deux, voire par quatre par rapport à quelqu’un qui n’a pas d’antécédent ».

La première complication survient lors du tri et de l’orientation. Le patient étiqueté « bizarre », « psy », sera orienté en premier lieu vers le psychiatre, avant examen ou bilan. Or ces profils sont très « piégeux », souligne le Pr Anthony Chauvin, car certains syndromes psychiatriques ont une origine organique, toxicologique ou iatrogénique. Des pathologies somatiques engendrent aussi des tableaux d’allure psychiatrique : troubles de la perception, hallucinations, états délirants, troubles anxieux ou encore du comportement. « Afin d’éviter la perte de chance, tout patient avec des antécédents psychiatriques qui se présente aux Urgences doit être considéré comme “somatique ”, jusqu’à preuve du contraire », rappelle-t-il. Les premières minutes sont primordiales.

Dès lors, les services d’urgence doivent s’organiser pour offrir un accueil standardisé et de qualité à ces patients, pointe l’urgentiste. La Société française de médecine d’urgence (SFMU) et le Samu Urgences de France (SUDF) travaillent conjointement en ce sens.
– Tout d’abord, la SFMU, via sa commission « Risque incident sécurité sûreté qualité » (RI2SQ) travaille à l’élaboration d’un guide pratique sur le parcours de soins de ces personnes. L’objectif est de fournir à chaque SU un cadre architectural d’organisation de la filière, avec des blocs dédiés aux patients à présentation psychiatrique au sein même de la structure.
– De plus, un partenariat entre la SFMU et l’Association francophone pour l’étude et la recherche sur les urgences psychiatriques (Aferup) vise à produire des recommandations formalisées d’experts (RFE) pour ces accueils. Les premiers points abordés seront la prise en charge thérapeutique de l’agitation, des tentatives de suicide médicamenteuses et les modalités du bilan paraclinique avant évaluation psychiatrique. Ce travail pluridisciplinaire constituera une avancée réelle pour garantir la qualité des soins à cette population.
Ces deux documents sont attendus pour juin 2026.

• Contact : anthony.chauvin@aphp.fr – En savoir plus : Congrès Urgences.