« Passer par l’acte » : un élan vers le rétablissement ?
Le passage à l’acte n’est pas toujours un acte impulsif et irrationnel. Il est aussi le produit d’une énergie vitale qui peut se transformer en élan de pensée et de création, de réflexion et d’invention lorsqu’il est accompagné et travaillé. Pour les usagers de la psychiatrie, il ouvre alors un chemin vers un rétablissement et s’inscrit comme une modalité de relation au monde (et aux autres), et en premier lieu à des soignants capables de comprendre, de résister aux attaques et de s’impliquer sans contre-agir. Forts de leur traversée de la maladie, les pairs-aidants montrent ainsi que l’art de « passer par l’acte » est aussi celui des commencements, que c’est tout à la fois se jeter à l’eau, traverser, bifurquer, franchir, transgresser, passer les gués, passer outre, se relier à soi et aux autres …
« Passer par l’acte » de la pair-aidance, Noël THULIN PINAUD-MERLIN, Médiateur de santé-pair (Hôpitaux de Plaisir), consultant en santé mentale (Alfapsy) et Bérénice STAEDEL, Directrice de programmes en charge de la participation et de la professionnalisation des usagers et aidants en santé mentale, Programme national Médiateurs de Santé-Pairs – Démarche OMS QualityRights, Centre Collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS) – EPSM Lille Métropole
L’efficacité des programmes intégrant des pairs formés et rémunérés sur la symptomatologie clinique, la qualité de vie et le rétablissement des sujets souffrant de trouble bipolaire ou du spectre de la schizophrénie est complexe à évaluer. Les retours d’expérience des pair-aidants permettent néanmoins d’identifier que leurs interventions peuvent aider les usagers qu’ils accompagnent à des prises de conscience et à envisager des étapes, voire des changements. Cette intervention en binôme tente de donner à voir les mises en mouvement que le partage de savoirs expérientiels peut entrainer.
Directives anticipées : « J’ai eu l’impression d’avoir le choix et de reprendre confiance ! « Julien GRARD, Anthropologue, Équipe mobile psychiatrie précarité MARSS (Mouvement et action pour le rétablissement sanitaire est social), Assistance publique-Hôpitaux de Marseille et Nicolas ORDENER, éducateur spécialisé, médiateur en santé
Nous montrerons comment l’accompagnement à la rédaction des directives anticipées, pensées pour faciliter la gestion des crises – puisque c’est son objectif initial –, constitue un acte singulier, au sens théâtral, dans la scène plus large de l’existence de la personne. Un acte grâce auquel s’ouvrent de nouvelles perspectives, se crée un espace des possibles qui ouvre sur des passages vers l’acte, un passage à l’action. Nous déplierons à travers nos expériences respectives et parfois communes du terrain ce qui se joue dans cet acte singulier de la vie de la personne. Quels sont les ingrédients de cette reprise du pouvoir d’agir ? Comment vont-ils modifier de manière décisive la manière dont la personne se perçoit et se positionne comme sujet, mais aussi son rapport à soi, aux autres et au monde ? Articulant exemples de terrain et éléments théoriques, notamment autour de la question de la reconnaissance, cette intervention à deux voix propose d’examiner, du point de vue des personnes concernées, ce qui se joue dans cet espace symbolique à l’intersection du droit et du soin.