« Enfin, on m’écoute ! »

17 octobre 2023
16h30 - 17h45

« Enfin, on m’écoute ! »

Pour un patient et ses proches il n’y a rien de plus terrible que l’absence de réponse. Répondre ne se limite pas à donner une explication ou une interprétation, il s’agit plutôt de signifier qu’on a intégré ce qui a été dit et parfois d’ouvrir un nouveau point de vue. Parmi différentes approches, l’Open dialogue (Dialogue ouvert), met au cœur du processus thérapeutique le dialogue continu, via des « réunions de traitement » entre les soignants, le patient et son réseau social (famille, proches, pairs, enseignants …). Cette « écoute polyphonique » favorise le dialogue entre tous et l’engagement de chacun dans les soins.

Quels sont les principes de cette approche de plus en plus utilisée lors des premières crises psychotiques ? Loin de cette écoute contenante, dans un contexte de manque de soignants, un patient pourrait-il développer une relation thérapeutique avec un agent conversationnel de soutien psychologique (robot social, chatbot) ? Différents travaux montrent en effet qu’un chatbot permet à l’utilisateur d’aborder des sujets qu’il n’oserait pas exposer avec une personne réelle en face-à-face (Peters, Jorne et al. (2010). L’écoute « humaine » a-t-elle encore un avenir ?

– Pratiquer l’écoute polyphonique de l’Open dialogue, Benoit GODIN, infirmier en pratique avancée en psychiatrie et santé mentale, Unité locale d’intervention de crise et d’évaluation (Ulice), Marseille et Saphir DESVIGNES, ingénieure en santé publique, coordinatrice du projet Odamars (Open dialogue à Marseille )

L’Open Dialogue modifie profondément la pratique en santé mentale en engageant les professionnels dans une approche qui mobilise la réactivité des intervenants et intègre le réseau social de l’usager dans la résolution de la crise. Ce dispositif donne une voix égale à toute les personnels présentes (usager, famille, proches, professionnels de santé…). La prise de décision est ainsi coconstruite avec l’usager et son réseau, en valorisant leurs perspectives et leur expertise. Les soignants sont encouragés à partager leurs propres émotions et leurs pensées, en mettant de côté les interprétations et en se concentrant sur ce qui est exprimé. L’Open Dialogue souligne l’importance de ne pas parler de l’usager en son absence et de favoriser son implication dans son propre processus de soins.

Des robots à l’écoute…, révolution ou involution ? Stéphane MOUCHABAC, psychiatre, hôpital Saint-Antoine Paris (Département médico universitaire neurosciences, AP-HP 6.0) et à l’ICRIN Psy innovation de l’institut du Cerveau et de la Moelle à Paris. Il codirige la section E-santé de l’Association française de psychiatrie biologique et de neuropsychopharmacologie afin promouvoir les outils numériques auprès des usagers et les professionnels.

L’intelligence artificielle (IA) et les nouvelles technologies font désormais partie de notre quotidien et si la médecine est au cœur de cette révolution, jusqu’à présent la psychiatrie semblait moins concernée. Les agents conversationnels intelligents peuvent désormais accompagner les psychothérapies, et s’ajuster à une sémiologie captée « en temps réel » par des outils connectés. Mais quelles sont les limites de ces agents et peuvent-ils offrir un soin « équivalent » ?. Nous évoluons vers une psychiatrie « augmentée », l’ignorer serait nous condamner et l’accepter sans une solide vision critique aurait des conséquences tout aussi néfastes sur les fondements de la relation médecin-patient.

 

 

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