Des ruches thérapeutiques en prison
Le Centre psychothérapique de l’Ain (CPA) assure la prise en charge psychologique des patients détenus au centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse via une unité de consultations et de suivis. Pour renforcer ces soins, des groupes thérapeutiques à médiations sont en place depuis trois ans.
Dans ce contexte, deux «ruches thérapeutiques» ont été installées au cœur de la prison en 2019. Ce dispositif de médiation animale original permet à des personnes condamnées à de longues peines de sortir de leur quotidien appauvri par les années de détention, en leur offrant pendant une saison un contact avec la nature. Par ailleurs, les abeilles vivent en colonie très structurée où chacune a un rôle précis. Cette organisation incite à réfléchir sur les liens d’attachements et la dynamique intrafamiliale, la différenciation entre soi et l’autre, la confiance mais aussi la violence et la frustration.
La stimulation des sens et des fonctions cognitives est aussi importante. être au contact de cet insecte, pour qui chaque printemps est crucial à la survie, permet aux patients de se rendre compte de leurs propres compétences et de la portée de leurs gestes. Cette médiation joue aussi un rôle dans la renarcissisation, la peur que l’on peut ressentir dans ce travail mettant en effet en jeu des régressions archaïques. Le miel récolté grâce aux soins apportés aux essaims vient contrebalancer l’«indifférence» de l’abeille envers l’homme.
Quatre patients, présentant notamment des troubles anxio-dépressif ou une personnalité borderline, ont bénéficié d’un cycle de six mois, au rythme d’une séance hebdomadaire. Ils ont découvert les outils, les termes apicoles, le mode de vie des abeilles et leurs besoins. La préparation des ruches et de leur emplacement leur a été confiée, puis les essaims sont arrivés. Ensemble, ils ont veillé au développement des ruchers et récolté 52?kg de miel. Un objectif supplémentaire s’est alors imposé: créer des étiquettes pour les pots de miel, un travail autour de la réglementation a été effectué.
Selon ces premiers patients, cette expérience leur a permis d’apprendre à se dépasser et d’identifier chez eux des capacités insoupçonnées. Une nouvelle cession vient de débuter…
- Contact : Delphine Roy, infirmière, zoothérapeute, delphine.roy@cpa01.fr