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25/03
2022

Le trouble du deuil prolongé fait son entrée au DSM-5-TR

L’American Psychiatric Association (APA) vient de publier une nouvelle révision du « Manuel diagnostique des troubles mentaux, 5e édition ». Il présente notamment un nouveau trouble : le trouble du deuil prolongé ; un trouble contesté par le psychiatre français et président de l’association « Stop DSM », Patrick Landman.

Selon l’APA, le trouble du deuil prolongé – Prolonged grief disorder (PDG) – peut se produire « lorsqu’un proche de la personne endeuillée est décédé dans un délai d’au moins 6 mois pour les enfants et les adolescents, ou dans un délai d’au moins 12 mois pour les adultes. Dans le trouble du deuil prolongé, la personne endeuillée peut éprouver des désirs intenses pour le défunt ou être préoccupée par les pensées du défunt, ou chez les enfants et les adolescents, par les circonstances entourant le décès. Ces réactions de deuil surviennent presque toute la journée, presque tous les jours pendant au moins un mois. L’individu éprouve une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou d’autres domaines importants« . La présidente de l’APA, Vivian B. Pender, MD, souligne que « les circonstances dans lesquelles nous vivons, avec plus de 675 000 décès dus au COVID, peuvent rendre le trouble du deuil prolongé plus répandu. Si vous avez récemment perdu un proche, c’est très important de le vérifier. Le chagrin dans ces circonstances est normal, mais pas à certains niveaux et pas la majeure partie de la journée, presque tous les jours pendant des mois« .

Selon l’APA, certains des symptômes du trouble de deuil prolongé sont :
– Perturbation de l’identité (par exemple, avoir l’impression qu’une partie de soi est morte).
– Incrédulité marquée face à la mort.
– Éviter les rappels que la personne est décédée.
– Douleur émotionnelle intense (par exemple, colère, amertume, chagrin) liée au décès.
– Difficulté de réintégration (p. ex., problèmes à s’engager avec des amis, à poursuivre des intérêts, à planifier l’avenir). Engourdissement émotionnel.
– Sentir que la vie n’a pas de sens.
– Solitude intense (c’est-à-dire se sentir seul ou détaché des autres).

Sur France culture, le 22 mars dernierPatrick Landman, psychiatre, pédopsychiatre, psychanalyste et président de l’association stop DSM, réagissait à l’ajout de ce nouveau trouble « du deuil prolongé ». « Ce n’est pas un ensemble de symptômes qui constitue une entité pathologique, appelé “syndrome” en médecine. Cela ne révèle pas une situation dangereuse sur le plan de la santé mentale. C’est un ensemble hétéroclite de signes, de comportements qui appartiennent pour certains à la dépression ordinaire et pour d’autres aux post-traumatiques, aux fantasmes, aux idées délirantes et aux repli social. » Et de poursuivre : « le deuil pathologique, ce sont des gens qui, très tôt durant la période de deuil, commencent à avoir des idées délirantes, commettent des tentatives de suicides graves. Ce n’est pas le deuil prolongé mais un deuil connu depuis longtemps par les cliniciens; c’est une extrême minorité de gens endeuillés par rapport à l’immense flot de gens traversant le deuil dans leur vie. Ce qui est intéressant, c’est que le deuil est une période difficile pour le psychisme, c’est une période de fragilisation, qui peut être déclencheur de certaines pathologies, mais ce n’est pas pour autant que c’est un deuil prolongé.«

Voir infographie du « Prolonged grief disorder « (PDG) selon l’APA (PDF ici