La maltraitance en Ehpad explose…
Depuis le 1er janvier 2022, 2 424 dossiers pour maltraitances ont été ouverts, soit + 40% par rapport au 1er trimestre 2021. La Fédération contre les maltraitances des personnes âgées et des adultes en situation de handicap signale une explosion des déclarations pour des personnes résidant en établissement, dont le nombre dépasse celles à domicile. une évolution à relier sans doute à la parution du livre Les Fossoyeurs. Communiqué.
La Fédération contre les maltraitances suit régulièrement les alertes pour maltraitances reçues à sa plateforme téléphonique nationale (3977) ou directement par ses centres, en cherchant à identifier les tendances évolutives.
Avec 2424 dossiers ouverts pour maltraitances possibles au 1er trimestre 2022, soit une augmentation de + 691 par rapport au 1er trimestre 2021 (+ 40%), il s’agit véritablement d’une rupture de tendance, à caractère « explosif ». A titre de comparaison, l’évolution 2020-2021 était de + 386, soit + 29%, pour la même période.
Cette hausse exceptionnelle s’explique exclusivement par celle des situations de maltraitances possibles touchant des personnes résidant en établissement, surtout médico-sociaux : avec 1427 dossiers ouverts pour ce seul 1er trimestre 2022, ces situations ont dépassé celles concernant des personnes vivant à leur domicile, du jamais vu dans l’expérience de la Fédération. En temps ordinaire, les dossiers ouverts pour maltraitances en établissements représentent environ le quart des alertes reçues. Cette hausse, au 1er trimestre 2022, correspond pratiquement à un triplement de ces alertes par rapport au 1er trimestre 2021 (+ 914 soit + 178%).
Sans surprise, les personnes âgées sont les principales victimes dans ces alertes (79%), qui ont augmenté, pour ce qui les concerne, de 44% (+ 588).
S’agissant des types de maltraitances en cause, leur profil s’est modifié au 1er trimestre 2022, avec en tête les négligences passives (réponses insuffisantes aux besoins de personnes vulnérables), suivies des maltraitances liées aux soins. La hausse pour ces deux catégories a été respectivement de + 343 (+ 350%) et de + 286 (+ 134 %) par rapport au 1er trimestre 2021.
Ces constats ne surprennent pas, après la forte médiatisation des maltraitances en lien avec une gestion délibérément maltraitante de certains groupes privés à but lucratif, révélée par la publication des « Fossoyeurs ». Une analyse plus précise suggère cependant que les faits ne se limitent pas aux seuls établissements de statut commercial.
La Fédération 3977 contre les maltraitances
– Réaffirme le caractère malheureusement inévitable dans les prochaines années de la survenue de maltraitances d’origine institutionnelle dans les établissements, du fait des ressources humaines insuffisantes, et d’une organisation inadaptée de ces établissements ;
– Insiste sur la nécessité de mettre en place, dans chaque équipe, des temps d’échange entre professionnels pour croiser leurs observations au sujet des résidents dont ils s’occupent, identifier les situations de maltraitances débutantes, leurs causes, et décider ensemble des actions correctrices ;
– Souligne que cette organisation nécessite du temps pour les professionnels, et des compétences pour l’animer ; elle est le préalable indispensable à toute action de sensibilisation ou d’incitation des professionnels à alerter sur les faits ou suspicions de maltraitances.