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21/07
2022

« IM-ZBULLE », une technique d’injection intramusculaire étudiée en psychiatrie

Parmi les différentes techniques d’injection intramusculaire existantes, le « Trajet en Z  » (Z-track) et la « Bulle d’air » (Airlock) sont très peu connues des infirmiers français. Dans une perspective d’évolution des prises en charge infirmières et d’amélioration de la qualité des soins en psychiatrie, un projet de recherche sur le sujet été retenu par le GIRCI Île-de-France dans le cadre de l’Appel à Projet de REcherche en SOins (APRESO) 2021, soutenu financièrement par l’ARS Île-de-France. Son investigateur principal, François Rayan François Bchini, infirmier de pratique avancée (IPA) du Groupe hospitalier Paul Guiraud (Villejuif, 94), nous le détaille.

Rappelons un chiffre : plus de 600 000 personnes en France souffrent aujourd’hui d’un trouble schizophrénique. La prise d’un traitement antipsychotique au long cours, notamment injectable, permet de limiter les risques de rechutes et d’hospitalisation. Les neuroleptiques ou antipsychotiques à action prolongée, aussi appelés « traitements  retard » s’administrent en injections intramusculaires (IM) régulières. Ce soin technique prévalent en psychiatrie, est réalisé par l’infirmier. Il s’agit d’un geste invasif, douloureux et à risque de complications pour le patient. Pour favoriser son adhésion et la bonne observance à ce traitement, l’infirmier doit tendre à ce que le soin soit le moins inconfortable et le plus sécurisé possible. Pour cela, il est préférable qu’il adapte sa pratique au regard des recommandations basées sur des données probantes.

Ces deux techniques d’injection1 permettent de limiter la fuite au niveau sous-cutané lors du retrait de l’aiguille grâce à un principe de verrouillage du produit actif dans les tissus musculaires.

L’étude IM-ZBULLE, portée par Rayan François Bchini, infirmier de pratique avancée (IPA) du Groupe hospitalier Paul Guiraud (Villejuif, 94) en tant qu’investigateur principal et Romain Perot, IPA au GHU Paris (75), en tant que co-investigateur, est une étude contrôlée randomisée multicentrique. Elle vise à établir l’efficacité de la combinaison des techniques « Trajet en Z » et « Bulle d’air » sur la diminution de la douleur physique engendrée lors de l’injection comparée à la technique usuellement pratiquée2 en France.

Image modifiée d’après Perry AG, Potter PA, Ostendorf W. Nursing Interventions & Clinical Skills. 7e édition. Elsevier Science Publishing Co Inc; 2019. 896 p.

La population d’étude est celle des patients suivis en Centre Médico-Psychologique (CMP) et traités par des injections d’halopéridol décanoate (Haldol Décanoas®)3. D’autres objectifs sont prévus comme mesurer la perte de produit actif et les complications potentielles liées à ces techniques, l’adhésion du patient ainsi que sa satisfaction. Ce projet de recherche comportera aussi un volet qualitatif afin d’identifier les leviers et les freins au changement de pratiques des infirmiers.

Rayan François Bchini, infirmier en pratique avancée (IPA) au Groupe Hospitalier Paul Guiraud est investigateur principal de l’étude IM-ZBULLE – Contact

1- Techniques décrites dans Lilley LL, Collins SR, Snyder JS. Pharmacology and the Nursing Process. Elsevier Health Sciences; 2019. 955 p.
2- D’après F. Bchini R, « Goutte N. Intégration de la pratique factuelle dans les soins infirmiers : étude transversale descriptive sur l’injection intramusculaire des infirmiers en psychiatrie ». En attente de publication. 2021. il s’agit d’une technique qui consiste à tendre la peau avant d’insérer l’aiguille à 90°.
3- Produit choisi pour cette étude car toujours très utilisé en pratique. De plus, il a plus tendance à fuiter après l’injection car la quantité administrée est généralement plus élevée que les autres antipsychotiques et sa qualité huileuse en fait un produit plus visqueux.

• Image d’ouverture Livia Deville