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23/05
2023

Améliorer la qualité de vie des étudiants en santé

Le rapport conjoint de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur la qualité de vie des étudiants en santé (QVES), daté de juillet 2022 et diffusé le 10 mai dernier, identifie des initiatives nationales, régionales et locales contribuant à améliorer la qualité de vie des étudiants des différentes filières médicales et paramédicales.

En termes de recommandations aux décideurs, les inspecteurs insistent notamment sur la nécessité d’agir simultanément selon les trois axes « qualité de vie des étudiants en santé », « attractivité pour les métiers de santé » et « qualité de vie au travail à l’hôpital » afin d’engager une dynamique vertueuse et obtenir les effets positifs escomptés.

La qualité de vie des étudiants en santé (QVES) est un sujet de préoccupation croissante, tant dans les universités et instituts de formation que sur les terrains de stage, en particulier les établissements de santé. De nombreuses enquêtes montrent clairement une progression du mal-être de ces étudiants (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie,infirmiers, aides-soignants, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, ergothérapeutes…), exacerbé par la crise liée au Covid et en particulier dû à cinq grandes sources : violences sexistes et sexuelles (VSS), risques psycho-sociaux (RPS), précarité financière, conditions de travail en stages, addictions.

« Le premier constat dressé par la mission est celui d’une réalité des difficultés des étudiants en santé dans la majorité des filières, avec des spécificités identifiées dans plusieurs d’entre elles, en particulier liées aux tensions hospitalières actuelles pour les stagiaires qui y sont les plus exposés. »

La mission a constaté les difficultés d’étudiants dans toutes les filières de santé, génératrices de risques psychosociaux, compromettant parfois gravement la réussite de leur parcours. Malgré la mobilisation importante des acteurs universitaires et hospitaliers, étudiants, encadrants ou enseignants n’ont souvent pas connaissance des interlocuteurs pouvant les aider, les accompagner, leur proposer des solutions. « Si permettre aux étudiants d’exprimer leurs souffrances et difficultés, et y apporter des réponses est impératif, éviter qu’elles ne surviennent est primordial« , selon les rapporteurs sur la qualité de vie des étudiants en santé.

L’amélioration continue de l’accueil et des conditions de travail durant les stages nécessite la systématisation d’une évaluation institutionnelle des services de stage et des instituts de formation par les étudiants d’une part, les enseignants d’autre part, sur quelques critères de qualité de vie. Ces évaluations pourraient, sous réserve d’anonymisation et d’agrégation, être transmises respectivement par les représentants des étudiants et les doyens à l’ARS afin qu’elle soit informée des éventuelles difficultés sur les lieux de stages. En tout état de cause, elle devrait être informée suffisamment tôt de celles qui seraient susceptibles de conduire à une demande de retrait d’agrément, afin de ne pas être prise au dépourvu juste avant le début des sessions suivantes. Une expression employée par de nombreux interlocuteurs de la mission est celle « d’omerta », notamment s’agissant des VSS, situations d’emprise, de craintes de sanctions pour la validation du stage ou du TP, etc. Si quelques progrès récents sont reconnus, il y a encore des actions fortes à conduire pour mettre fin à l’impunité vis-à-vis des actes délictueux, les fautes graves y compris de management ou le non-respect du droit et de la réglementation.

26 recommandations pour améliorer l’environnement des étudiants en santé
Les nombreuses auditions et visites de terrain des inspecteurs ont par ailleurs permis de réaliser un état des lieux des initiatives nationales, régionales et locales susceptibles de contribuer à l’amélioration de la QVES. Le rapport formule ainsi vingt-six recommandations dans la perspective d’une meilleure prise en compte des principales préoccupations des étudiants en santé : précarité financière, violences de tous ordres, y compris sexistes et sexuelles, risques psychosociaux, conditions de travail en stage…

La place des encadrants est centrale pour les étudiants. Ils doivent être correctement formés, évalués et coordonnés, ce qui n’est pas toujours possible à tout moment pour toutes les filières. La mission recommande d’outiller et d’informer les coordonnateurs/responsables des stagiaires et internes en élaborant un document commun décrivant leurs missions, droits et devoirs, de permettre les échanges entre eux en les incitant à se connaître et à construire des réseaux, des groupes de discussion, mettre en place une journée annuelle des coordonnateurs. Le partage, en les valorisant et avec leur accord, des évaluations positives des étudiants et des bonnes pratiques serait aussi une source d’amélioration continue de la qualité de leur fonction et de satisfaction, pour eux comme pour les étudiants.

Les inspections ont contribué concrètement à outiller les acteurs de processus locaux, régionaux et nationaux de veille, d’alerte et de prise en charge des difficultés, d’une trame de vademecum énonçant les règles doctrinales, ainsi qu’un modèle de livret expliquant le rôle et les missions des principaux acteurs. Ces documents (joints au rapport) seront adaptés et complétés localement, notamment des coordonnées des personnes et sites ressources.

La qualité de vie des étudiants en santé (QVES), Muriel Dahan, membre de l’Inspection Générale des Affaires
Sociales (IGAS), Fabrice Wiitkar, membre de l’Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGESR)
Livrable n°1 : Proposition de processus de signalement et de traitement des situations de mal-être des étudiants en santé
Livrable n°2 : Eléments pour une trame de vademecum QVES
Livrable n°3 : livret – cartographie des acteurs de la QVES