Sésame – Soins d’équipe en santé mentale – obtient un financement dérogatoire au titre de l’Article 51

Initiée par l’Institut Montaigne, en collaboration avec le CH de Versailles, l’expérimentation Sésame (Soins d’équipe en santé mentale) vient d’obtenir un financement dérogatoire au titre de l’Article 51. Cette reconnaissance constitue une opportunité unique de passage à l’échelle du modèle au niveau de la région Île-de-France. En pratique, Sésame est un modèle de soins des troubles dépressifs et anxieux, centré sur la collaboration entre médecins généralistes et professionnels de la psychiatrie articulée autour d’un infirmier coordinateur.

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre, l’Institut Montaigne dévoile de premiers résultats prometteurs pour son initiative inédite en France dans la prise en charge des troubles dépressifs et anxieux en médecine générale, le modèle Sésame (pour : Soins d’équipe en santé mentale). Le projet, porté par Johana Couvreur, pour l’Institut Montaigne, et le Pr Christine Passerieux, pour le CH de Versailles, est déployé depuis 2020 dans quatre sites de médecine générale des Yvelines (Les Mureaux, Porcheville, Versailles et Chevreuse),

Inspiré du collaborative care model développé dans les années 1990 par le Centre Advancing Integrated Mental health Solutions (AIMS) de l’Université de Washington (Seattle, États-Unis), le modèle Sésame propose la constitution d’une équipe de soins spécialisée en santé mentale, en contact régulier grâce à un système de télé-expertise dédié (voir ci-dessous).

Généralement compris entre 6 et 12 mois, le parcours de soins se structure en plusieurs étapes :

1. une phase de dépistage par le médecin généraliste,
2. une évaluation initiale par l’infirmier,
3. une phase de prise en charge par l’infirmier, à travers des contacts proposés tous les quinze jours,
4. une phase de prévention des rechutes (qui concernent près de 50 % des patients après un premier épisode dépressif) où les contacts deviennent mensuels afin de travailler à l’autonomisation du patient, et enfin,
5. la sortie du dispositif, en cas de rémission, d’orientation vers des soins spécialisés ou de souhait du patient.

Modèle disposant d’un haut niveau de preuve et promu par la Haute Autorité de santé et le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie, les soins collaboratifs ont essaimé et sont désormais présents dans de nombreux pays.Sésame représente une perspective prometteuse pour le système de santé et la prise en charge des troubles mentaux les plus fréquents.

« L’offre de soins psychiatriques ne parvient plus à suivre et il devient urgent de repenser nos modèles de prise en charge et d’organisation des soins. Des interventions simples et efficaces, en particulier dans la dépression, sont réalisables en soins primaires à condition de soutenir nos collègues médecins généralistes et de favoriser l’accès aux psychothérapies. Le modèle des soins collaboratifs permet également un repérage précoce des situations plus sévères ou plus complexes, souvent diagnostiquées avec retard et nécessitant d’être adressées dans les filières de soins spécialisées.«

Pr. Christine Passerieux, Psychiatre au Centre hospitalier de Versailles

Dans une organisation des soins marquée par un renforcement de la médecine générale et la volonté de créer des passerelles entre soins primaires et soins spécialisés, Sésame peut constituer l’échelon manquant dans une gradation des soins (voir schéma ci-dessous). La prise en charge se révèle complémentaire des mesures d’accès au soutien psychologique via le remboursement de séances chez le psychologue (dispositif MonPsy) et constitue un mode d’emploi éprouvé pour accompagner la coopération et la coordination des acteurs.

Modèle promu par l’Assurance maladie, le modèle vient d’obtenir un financement dérogatoire au titre de l’Article 51, une reconnaissance qui constitue une opportunité unique de passage à l’échelle du modèle en région Île-de-France et la mise en œuvre d’un modèle de tarification appelé à être généralisé en France si l’expérimentation fait la preuve de sa faisabilité comme de son efficacité.

Depuis son lancement, l’expérimentation pilote a mobilisé 17 médecins généralistes, 3 infirmières Sésame et 3 psychiatres référents. En septembre 2023, près de 700 patients avaient été adressés au dispositif.

• En savoir plus : Voir le communiqué de l’Institut Montaigne. Aller plus loin : « Soins collaboratifs en santé mentale : le modèle Sésame », Institut Montaigne, opération spéciale, octobre 2023, 27 pages, en pdf sur le site du think tank.