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3/10
2024

Le bien-être des étudiants en sciences infirmières garant de réussite

Le programme Sérum Psy, expérimenté auprès de 200 étudiants en sciences infirmières par la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) vise à renforcer leurs compétences psychosociales pour qu’ils puissent mieux affronter les défis de leur futur environnement professionnel.

La santé mentale dégradée des étudiants en soins infirmiers, cause par ailleurs d’abandon de la formation, est aujourd’hui un sujet de préoccupation majeur en termes de santé publique. « On estime que près de 25 % des jeunes ont déjà eu des pensées suicidaires, avec une augmentation des passages aux urgences pour ce motif, et qu’ils sont 15 % à présenter un risque de dépression, qui se manifeste notamment par des troubles anxieux »explique Aude Caria, directrice de Psycom« Et l’hôpital n’offre pas forcément un contexte de travail favorable à la santé mentale », déplore la psychologue clinicienne.

Un programme inspiré de ce qui a fait ses preuves ailleurs dans le monde

Pour créer un environnement favorable à la réussite des étudiants en sciences infirmières et à leur santé psychologique la mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) a choisi de s’impliquer dans le développement des compétences psychosociales de l’étudiant, via le programme Sérum Psy actuellement testé à l’IFSI de Bobigny, mais également à l’IFSI de Cherbourg (Manche) et du Rouvray (Seine Maritime). Il concerne 200 étudiants. « C’est un projet innovant, qu’aucune autre mutuelle n’a jamais lancé, souligne Pauline Martinot, présidente du conseil scientifique de la direction de la prévention de la MNH. On est partis des besoins exprimés par les étudiants, puis on a repéré les initiatives déjà menées à l’international et qui portent leurs fruits, comme les « buddies » en Grande-Bretagne, chargés d’accueillir, d’accompagner et d’assurer le bien-être des étudiants qui arrivent à l’hôpital. » Le concept de théâtre d’improvisation, mis en place en Nouvelle-Zélande et qui aide à mieux communiquer et exprimer ses besoins, fait aussi partie des idées retenues.

« En s’appuyant sur une approche expérientielle et collective, le programme Sérum Psy permet aux jeunes professionnels de la santé et du social de renforcer des compétences clés comme la gestion du stress, la communication et le travail en équipe.«
Maxence Ribet, direction de la Prévention de la MNH

Un programme décliné en dix séances de deux heures

Lors des Journées de formation de l’Association nationale de médecine du travail et d’ergonomie du personnel hospitalier (ANMTEPH), le 19 septembre dernier, cette expérimentation menée a été explicitée. L’objectif étant de créer « du bien-être psychologique » chez les étudiants en renforçant leur « bien-être global« . Développer les compétences psychosociales influencent en effet le bien-être psychologique, favorisent un fonctionnement individuel « optimal » et permettent de développer « des interactions constructives » (confiance en soi, résolution de problèmes, régulation des émotions et du stress, relations à autrui constructives…) qui vont créer un « environnement favorable« .

Le programme se décline en dix séances de deux heures et la proposition pédagogique, animée par un expert, tient en quatre volets :
– le volet cognitif : composé de trois séances, il pose le cadre pédagogique, permet de se connaître pour mieux interagir et incite à l’adoption d’une posture de discernement en vie afin de prendre des décisions constructives ;
– le volet émotionnel : en deux séances, il permet d’explorer et de reconnaître les émotions, de les analyser et de les adapter ;
– le volet social : en trois séances, il s’agit d’instaurer des liens de confiance dans le cadre d’une relation professionnelle, de mettre en place une communication efficace et d’apprendre à mobiliser ses CPS pour faire face à une situation professionnelle complexe ;
– un dernier volet « perspectives » : il incite l’étudiant à réfléchir à son identité professionnelle et à se fixer des objectifs pour s’améliorer.

Le programme s’accompagne d’un protocole carré en termes d’évaluation d’impacts. Cela permettra à la MNH d’identifier ce qui a bien ou moins bien marché dès janvier 2025 avant de faire essaimer le projet sur le territoire. Une double grille d’analyse mesurera l’effet du programme sur le renforcement des compétences psychosociales et la santé psychologique des étudiants, mais aussi sur la perception des tuteurs de stage.