Actualités

3/03
2025

Six axes pour développer le moindre recours à la contrainte

Intitulée Psycore, une vaste recherche multicentrique portée par le CHU de Saint-Etienne va être engagée pour évaluer l’impact d’un programme de moindre recours aux mesures d’isolement et de contention. Il est basé sur six stratégies complémentaires à déployer de façon coordonnée à tous les échelons de l’institution.

Le recours disproportionné et non circonstancié aux mesures d’isolement et de contention mécanique (Isoc) en psychiatrie fait l’objet d’une réprobation croissante. Ils n’apporteraient pas de gain thérapeutique et la littérature rend compte d’effets délétères pour les patients, les équipes soignantes et l’ensemble du système de santé. Dans ce contexte, seuls des programmes cohérents, d’actions multiples et coordonnées à l’échelle d’un établissement, permettent de limiter durablement le recours à ces pratiques (1). Toutefois, le niveau de preuve d’efficacité de ces programmes doit être renforcé. C’est l’objet de la recherche Psycore retenue dans le cadre d’un Programme de recherche sur la performance du système des soins (Preps) du ministère de la Santé pour un financement à hauteur de 923 380 euros.

Dans ce contexte, cette étude vise à mesurer l’impact du programme Six Core Strategies for Reducing Seclusion and Restraint Use (six stratégies efficaces pour réduire le recours aux pratiques restrictives de liberté en santé mentale) dans 6 établissements de psychiatrie : le CHU de Saint-Etienne, les CH Drôme Vivarais, Saint-Jean de Dieu, Pierre Lôo, Saint-Cyr au Mont-d’Or et l’Établissement public de santé mentale de la Marne (d’autres établissements volontaires sont bienvenus). Élaboré et validé par une infirmière chercheuse américaine, K.A. Huckshorn, implanté dans les établissements de santé mentale aux États-Unis (2), le programme déploie des mesures sur six axes, complémentaires, à déployer ou renforcer de manière coordonnée : Implication du leadership et de la gouvernance ; Utilisation des données, pour mesurer, évaluer, se fixer des objectifs ; Formation professionnelle continue aux outils de gestion de crise, plan de prévention ; Accompagnements et soins personnalisés ; Implication des usagers dans diverses instances ; Amélioration continue par l’entretien d’une politique de « dernier recours ».

La première étape de ces travaux de recherche de grande ampleur débute actuellement par la déclinaison et la validation du programme en français. S’ensuivra une période d’implantation et de formation. L’évaluation portera sur la survenue des isolements et contentions, leur durée, mais aussi sur le nombre d’incidents violents et la qualité de vie au travail des équipes. Un deuxième volet de l’étude analysera les facteurs d’implémentation d’une telle intervention en vue d’une possible généralisation et pérennisation. Enfin, une analyse médico-économique permettra de mettre en balance le coût du programme au regard des conséquences monétaires et non monétaires liées à ces modifications de pratiques.

• Psycore : impact d’un programme de moindre recours à l’isolement et la contention en psychiatrie. Étude multicentrique randomisée en Stepped Wedge, coordonateur E. Fakra, CHU de Saint-Etienne, Eric.Fakra@chu-st-etienne.fr.

1– Saetta S, Coldefy M, Degry J, et al. Plaid-Care : une recherche sur le moindre recours à la coercition en France. Encéph. 2023;49(4):433. 2– Huckshorn, K. 2008, Six Core Strategies for Reducing Seclusion and Restraint Use. Alexandria, VA : NASMHPD (National Association of State Mental Health Program Directors).